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L’université de Nanyang (Nanyant Technology University ou NTU) à Singapour est, pour l’avoir visitée, un creuset d’innovation, avec plus de 33 000 étudiants et un classement au 13e niveau sur l’échelle mondiale. La preuve : les chercheurs du laboratoire VIRTUS de la NTU annoncent aujourd’hui avoir développé une puce SAR (Synthetic Aperture Radar – ou radar à ouverture synthétique) qui tient… sur un doigt et qui consommerait 75% de moins que les technologies conventionnelles, pour un coût de production 20x moindre.

Pour bien comprendre l’innovation, quelques précisions. Une caméra SAR coûte aujourd’hui 1 million de $ environ, pèse jusqu’à 200 kg, et consomme 1000W par heure. Il s’agit de dispositifs volumineux (jusqu’à 2m de longueur) destinés à équiper des aéronefs ou des satellites, mais capables, même en cas de couverture nuageuse ou de végétation dense, de détecter des objets de l’ordre du mètre, en utilisant une imagerie en bande X ou bande Ku (entre 8 et 12 GHz) – un petit rappel sur les bandes de fréquence utilisées dans le graphique ci-dessous.

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Les radars actuels SAR fonctionnent très bien, mais les contraintes d’encombrement et d’alimentation en énergie limitent considérablement leur emploi, notamment quand il s’agit de drones ou de véhicules autonomes légers. C’est là que l’on comprend toute l’innovation des chercheurs de la NTU : leur caméra SAR ne mesure que 2mmx3mm (ce qui, encapsulée dans un module, mène à une dimension du dispositif de 3cmx4cmx5cm) , ne pèse que 100g et ne nécessite que l’équivalent de l’alimentation d’un téléviseur LED, soit 200W/h. Et sa résolution lui permet de détecter des objets de 50cm à 11 km de hauteur. La puce, intégrée à une carte PC, apparaît ci-dessous en rouge.

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Les applications de l’innovation réalisée par la NTU vont de l’utilisation de SAR par des drones aériens aux véhicules autonomes terrestres, en passant par le développement de satellites d’imagerie plus petits et plus compacts : de l’ordre de 100 à 200kg en comparaison des satellites classiques d’imagerie dont le poids est plus proche de la tonne (ci-dessous).

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Evidemment, les candidats acquéreurs se bousculent. La NTU et l’équipe de VIRTUS dirigée par le Pr Zheng Yuanjin a déjà reçu des manifestations d’intérêt de SpaceX, Thales ou Panasonic. D’ailleurs, la puce doit être testée dans le cadre du programme satellitaire S4TIN dirigé conjointement par la NTU et Thales Alenia Space. L’exploitation commerciale devrait quant à elle intervenir d’ici 3 à 6 ans.

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Je sais bien, cela fait beaucoup d’articles où l’on parle de DARPA et de drones. Mais cela reflète également les tendances actuelles du marché, et les recherches entreprises en innovation technologique de défense.

En l’occurrence, je souhaitais donner un éclairage rapide sur le programme FLA de la DARPA. FLA signifie Fast Lightweight Autonomy (autonomie, vitesse et légèreté). Il s’agit en l’occurrence d’un programme…logiciel, dont l’objectif est d’exploiter pleinement la puissance des plateformes de drones grand public pour les amener à réduire leur consommation en énergie, et à optimiser leur contrôle en diminuant le besoin en télécommunications et en intervention humaine.

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L’idée est ainsi de développer des algorithmes permettant de réaliser une perception automatique rapide de l’environnement, et d’adapter des méthodes de contrôle/commande pour, in fine, permettre à ces drones de se déplacer à leur vitesse maximale théorique dans des environnement complexes, changeants et encombrés.

Les drones ainsi modifiés doivent pouvoir effectuer des missions à haute vitesse, avec une charge utile (senseurs, caméras), sans communiquer avec leur opérateur, et sans utiliser de GPS. Une véritable autonomie en temps réel, donc.

La plate-forme utilisée pour les tests est le célèbre drone de loisir DJI Flamewheel avec le chassis 450 ARF, un kit de propulsion E600 (4 moteurs/ESC, 4 paires d’hélices), et un contrôleur de vol 3DR Pixhawk. Soit un système que l’on peut se procurer dans le commerce pour un prix global d’environ 500 EUR (sans le montage).

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Les chercheurs de la DARPA ont ainsi réalisé une première démonstration dans un hangar de l Otis Air National Guard Base, à Cape Cod dans le Massachusetts. Le drone emportait une charge utile complète et autonome, comprenant des senseurs comme des caméras haute définition et un LIDAR, et a réussi à voler à 20m/s (soit 72km/h). La difficulté est de développer des algorithmes efficaces avec une puissance de calcul embarquée autonome très limitée.

Vous pouvez voir ce très impressionnant test dans la video ci-dessous (y compris les nombreux accidents qui ont émaillé ce test).

Soyons clairs : le drone n’arrive pas encore à voler à 20m/s en évitant tous les obstacles dans son environnement. Toutefois, il n’y a aucune raison que cet objectif ne puisse pas être atteint dans les futures phases du programme. L’objectif est de pouvoir réaliser des missions de surveillance rapide dans des environnements complexes (théâtre d’opération, catastrophe naturelle) là où aucune téléopération n’est possible car trop dangereuses pour les opérateurs (dans une ville rendue instable par un tremblement de terre par exemple).

Une dernière question : les drones ainsi « boostés » arriveront-ils à éviter leur capture par les aigles ? (si, si, il y a bien un programme de la police néerlandaise qui vise à entraîner des rapaces afin qu’ils puissent capturer des drones en plein vol. La preuve en image ci-dessous…) On n’arrête pas le progrès.

https://www.youtube.com/watch?v=-Xj-0D5eJtQ

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Il ne s’agit pas de systèmes d’armes létaux autonomes, car sont supposés être contrôlés en permanence par un humain, mais quand même… Le programme Lethal Miniature Aerial Munition System ou LMAMS vise à développer des munitions intelligentes – un nom sibyllin pour désigner des drones armés portables.

La société américaine Aerovironment a ainsi développé et déployé le Switchblade, un mini-drone portable armé. Transportable dans un sac à dos car il ne pèse que 2,5 kg, le drone est tiré à partir d’un tube. Une fois éjecté, ses ailes se déploient, et il commence un vol qui peut durer jusqu’à 10 minutes, dans un rayon de 10km. Capable d’envoyer des images dans les spectres visible et infrarouge à l’opérateur qui le contrôle, il est aussi capable de fondre à 150 km/h sur sa proie… en activant une tête militaire capable de neutraliser un camion. Un drone kamikaze, en quelque sorte… Il peut également être programmé pour percuter une cible prédéfinie.

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Cela est peu connu, mais 4000 de ces drones ont déjà été déployés en Afghanistan par la 3e division d’infanterie américaine. Et les fantassins sont plutôt conquis par le concept. Vous pouvez le voir en action sur ce film.

https://www.youtube.com/watch?v=NIZpafpC2sU

Evidemment, des questions se posent par exemple sur la vulnérabilité au piratage ou au brouillage de ces drones (la société Aerovironment ne souhaite pas communiquer à ce sujet). Et il vaut mieux ne pas imaginer de tels systèmes entre de mauvaises mains. D’autant que le Switchblade n’est pas le seul engin de ce type. Ainsi, la société Textron, avec le Battlehawk (ci-dessous), la société Israélienne uVIsion avec le Hero30 ou encore Lockheed Martin, avec le Terminator ( !) sont également en lice pour le programme LMAMS.

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Pour ce dernier, les spécifications sont exigeantes : le système doit être piloté à partir d’une station opérable de jour comme de nuit, fournir de la vidéo et des moyens de contrôle en temps réel. L’opérateur doit pouvoir sélectionner les cibles visuellement, par géolocalisation, pouvoir armer ou désarmer le système. Ce dernier doit être capable d’interrompre sa mission et de revenir seul à son point de lancement. Le système doit pouvoir opérer de manière semi-autonome, manuelle, ou… autonome (un mot dangereux car extrêmement vague, dès lors que l’on parle de systèmes d’armes létaux : en l’occurrence, il est bien précisé que c’est l’opérateur qui commande la détonation de la charge militaire).

Ce sont donc tous des drones professionnels haut de gamme. Mais dans ce blog, je parlais récemment du drone DISCO de Parrot qui pourrait être équipé de capacités analogues (si l’on élimine le besoin d’une optronique performante). Et donc représenter une menace en cas de détournement… D’ailleurs, la photo suivante montre un drone Skywalker X9 civil, militarisé par Daech, et transformé en IED (heureusement abattu par les forces kurdes).

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Une nouvelle menace à prendre en compte dans cette course à la technologie aujourd’hui ouverte à tous les participants.

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La problématique de la détection et de la neutralisation de drones aériens volant dans des zones interdites est plus que jamais prégnante, notamment en raison de l’accroissement des menaces terroristes, et de la démocratisation de drones hautes performances accessibles à chacun – à ce sujet, je vous conseille de regarder Disco, la nouvelle aile volante développée et commercialisée par le fabricant français Parrot. Avec une autonomie de 45 min et une vitesse de pointe de 80 km/h, mieux vaut ne pas imaginer son détournement à des fins hostiles…

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Plusieurs solutions pour détecter et surtout neutraliser les drones existent et sont en cours de déploiement : elles vont de l’utilisation de carabines 22 long rifle (si, si) à l’emploi de lasers en passant par le piratage de la liaison entre le drone et sa station de contrôle. A titre d’exemple, on peut citer le Drone Defender développé par la société Batelle, un « fusil » permettant de diriger des ondes radio pour brouiller un drone d’observation et provoquer sa chute (photo ci-dessous).

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Mais l’approche développée par l’université de technologie du Michigan est pour le moins originale.

Les concepteurs l’ont appelé « Robotic Falcon », et c’est le premier drone prédateur de drones. L’idée consiste en effet à envoyer un drone muni d’un filet de capture, afin d’intercepter tout engin menaçant. L’approche, originale, voit les choses en grand puisqu’un immense filet est attaché à un drone intercepteur. Lorsqu’un intrus est détecté, l’intercepteur s’approche, et envoie son filet (qui reste relié au drone) à une distance de 12m de l’objectif – ce dernier est alors capturé, et ramené au sol.

La manœuvre est visible sur cette vidéo :

Cette approche, bien que rustique, est assez efficace, puisqu’elle permet en premier lieu de ramener le drone à des fins d’examen. Elle a également l’avantage de ne pas le faire chuter au-dessus de la zone sensible, ce qui pourrait s’avérer dramatique dans le cas où le drone suspect s’avère porter des explosifs. Enfin, cette approche simple semble également peu coûteuse – les concepteurs (dont le Pr Mo Rastgaar, à l’origine un spécialiste de la robotisation de prothèses de hanche) ont donc effectué un dépôt de brevet. Reste ensuite à voir les limites du procédé, en particulier dans le domaine de l’interception de drones rapides. A quand une aile volante pour capturer les ailes volantes?

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Bon, effectivement, le titre est un peu bizarre. En l’occurrence, il correspond bien à l’engin présenté il y a quelques jours lors du show AUSA (Association of the United States Army Annual Meeting and Exposition)​ : un fusil, mais en fait non.

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Il s’agit en fait d’un outil combinant une antenne wi-fi avec un processeur Raspberry Pi. Pour mémoire, rappelons que le Raspberry Pi est un ordinateur low cost de la taille d’une carte de crédit. Le modèle Pi2B comporte 1Go de mémoire vive, un processeur ARMv7 4 cœurs d’une fréquence de 900Mhz, 4 ports USB et supporte Windows 10 tout cela pour la somme de… 35 EUR. Tout ceci pour information…il faut bien avouer que cela donne des idées.

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En l’occurrence, les idées sont celles de l’ US Army Cyber Institute qui a démontré l’outil au dernier show AUSA (Association of the United States Army Annual Meeting and Exposition)​. Son application : exploiter une faille de sécurité dans un drone quadrirotor Parrot, pour « l’abattre ». Ce n’est donc pas un véritable fusil, malgré son facteur de forme, mais une « cyber-arme » destinée à illustrer des capacités tactiques de soutien électronique à une mission.

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L’engin a été construit en une dizaine d’heures (et ça se voit…), pour un coût d’environ 150$, et a montré son efficacité à la fois dans l’interception de drones grand public, et dans l’ouverture d’un coffre électronique, à distance.

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Bon, ils ne remporteront pas le prix du design, mais le concept est innovant et intéressant ; il illustre également, malheureusement, la vulnérabilité des systèmes électroniques à des attaques ciblées rendues possibles par le rapport coût/puissance des processeurs actuels. La preuve : à la « black hat conference » annuelle, évènement de référence, certes un peu sulfureux, mais rassemblant les hackers de tous pays, les chercheurs Runa Sandvik et  ont montré ce qui arrive lorsqu’en combinant une antenne wi-fi et un ordinateur, on peut pirater un fusil « intelligent » comme les modèles à 13 000$ développés par la société TrackingPoint.

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De quoi parle t’on ? D’un fusil TP750 comme le modèle ci-dessus, comportant un processeur embarqué sous Linux, et, il faut le dire, assez incroyable. Une fois que l’utilisateur a rentré les paramètres comme le vent, la température, le type et le poids de la munition, il vise la cible, appuie sur la détente…et le fusil décide quand il doit tirer. Même à un km de distance, un débutant touche la cible.

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Les deux chercheurs ont détecté (après avoir acheté un tel fusil et réalisé la rétroingéniérie du code) que le système possédait des vulnérabilités. Le résultat ? En réalisant un cyberfusil analogue à celui développé par l’US Army Cyber Institute, ils ont fait « croire » au fusil qu’il était connecté à un serveur, et ont réussi, à distance, à en prendre le contrôle.

Le résultat fait froid dans le dos : ci-dessous, le tireur vise la cible à droite. A un moment donné, les hackers en prennent le contrôle et le fusil tire pile… dans la cible de gauche (et au centre, s’il vous plaît). Ils sont même allés jusqu’à prendre le contrôle total (« root ») du fusil, avec la possibilité d’empêcher tout tir.

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Tout cela illustre bien la course à la technologie, et à l’armement. Peut-être doit-on, au lieu de penser à ce qui pourrait se passer si une Intelligence Artificielle de haut niveau permettait à des robots maléfiques armés de conquérir le monde (voir mon article ici), se poser d’abord la question de protéger suffisamment les armes technologiques. Car un drone, armé ou non, pour un hacker, c’est avant tout un ordinateur qui vole. Un peu comme un canard pour un chasseur aguerri.

 

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Lors du dernier salon AUSA (Association of the United States Army), la société Neany Inc a dévoilé un nouveau drone naval baptisé DragonSpy. Armé d’une arme automatique ARES 7.62, il repose sur une plateforme hybride diesel ou essence/électrique ; le prototype présenté lors d’AUSA était à propulsion uniquement électrique. L’arme repose sur un affut TRAP T360, développé par la société Precision Remote, une référence dans le domaine des armes automatiques autonomes et téléopérées (photo ci-dessous).

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L’engin de 3m40 est doté de capteurs et de capacités ISR (intelligence, surveillance, reconnaissance) dont une caméra i2Tech i200L et peut s’intégrer dans un système de drones aériens, tel le drone ARROW développé par Neany Inc., pour augmenter ses capacités de reconnaissance. Il possède également un système de ciblage et d’interception de cibles automatique, ce qui ne manquera pas de déclencher l’ire des adversaires du recours aux SALA (systèmes d’armes létaux autonomes). Le système d’armes du DragonSpy a été testé avec succès en conditions opérationnelles, annonce la société.

L’engin est capable de fonctionner dans moins de 50 cm d’eau, et possède une vitesse de pointe de dix nœuds – le prototype dévoilé à AUSA est capable quant à lui de maintenir pendant 3h une vitesse de six nœuds en propulsion électrique. Reste encore à savoir comment se comporte la plate-forme dans des rapides ou des eaux agitées.

Ce n’est bien évidemment pas le premier (ni le dernier !) drone naval autonome ; a titre d’exemple, voici le système CARACaS (Control Architecture for Robotic Agent Command and Sensing) développé par l’ONR (Office of Naval Research) américain, et capable de contrôler un essaim de drones navals. La vidéo est assez impressionnante :

http://www.youtube.com/watch?v=ITTvgkO2Xw4

Dans le cas de DragonSpy, l’emploi est assez équivalent, mais la plate-forme, plus compacte, permet de patrouiller dans des eaux peu profondes. Une version future pourrait même incorporer une plate-forme pour un drone quadricoptère embarqué (on la voit d’ailleurs dans la photo ci-dessous prise lors d’AUSA et qui montre le nouvel aspect du DragonSpy).

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La société envisage de généraliser le concept sur plusieurs types de plateformes navales. Le DragonSpy quant à lui serait utilisé pour des missions de patrouille et d’interdiction de zones (frontières, centrales nucléaires ou autres zones sensibles).

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Il y a de cela quelques mois, le sujet des survols de sites sensibles ou urbains par des drones non identifiés posait le problème de leur détection et de leur neutralisation (par brouillage ou tir) – des solutions seront d’ailleurs bientôt dévoilées par les industriels français. Boeing a pris les devants en dévoilant récemment une solution de canon laser « low cost », le CLWS pour Compact Laser Weapon System.

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L’idée est ainsi de disposer d’un système portable constitué d’un laser invisible à énergie dirigée (2kW) capable de perforer un drone aérien en moins de 15 secondes. Le système est compact (il est transportable dans un coffre de voiture), et ne nécessite deux techniciens pour l’installer et un opérateur pour le contrôler – il est opérationnel en quelques minutes une fois branché sur une simple prise de 220V.

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L’opérateur contrôle le système à l’aide… d’une manette de XBOX 360 (ce qui rend aisé le remplacement de matériel défectueux). Une fois la cible présente dans la zone de détection du radar intégré dans le CWLS (a priori un rayon de 40km), le système passe en mode automatique pour réaliser un suivi de cible. Le ciblage est suffisamment précis pour viser un point donné sur le drone (structure, aile, charge utile..) comme le montre la vidéo ci-dessous.

Boeing avait déjà dévoilé un démonstrateur de ce concept : le High Energy Laser Mobile Demonstrator (HEL MD) destiné à équiper des véhicules de l’US Army. Le laser CWLS est également capable, in fine, de fonctionner sur un porteur mobile, fournissant ainsi une solution intéressante pour la protection de sites étendus.

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Il y a un an, la DARPA (encore elle, mais c’est normal compte tenu des sujets de ce blog) avait lancé un appel à idées portant sur le concept d’emploi de drones aérotransportés. Aujourd’hui, suite à cette consultation, elle lance le programme GREMLINS : un essaim de drones miniatures coordonnés, largués depuis un bombardier ou un avion de transport, et récupérables une fois la mission réalisée.

L’idée de drones opérationnels en essaim n’est pas nouvelle – en revanche, c’est la première fois qu’un programme opérationnel fondé sur un tel concept est lancé, avec des ambitions importantes. En effet, chaque drone Gremlin doit être capable d’accomplir une vingtaine de missions, avec un temps de remise en condition ne dépassant pas 24h. Il s’agit de drones capables d’effectuer des missions de combat.

La difficulté technologique réside dans la coordination entre les différents drones, qui devront opérer ensemble lors de missions sensibles, comme une attaque coordonnée avec un essaim de drones précédant un ou plusieurs chasseurs, et réalisant des missions de reconnaissance, de brouillage ou d’attaque.

http://www.youtube.com/watch?v=_lVHW0jfq-s

Le concept opérationnel pourrait ainsi être d’utiliser des drones projetés en avant du dispositif, afin de détecter une menace, de fournir un ciblage à d’autres acteurs (bombardiers, ou même un autre essaim), ou une capacité de guerre électronique déportée. L’idée est également de saturer les défenses adverses par le nombre d’engins. Enfin, il s’agit également de protéger les appareils de plus grande valeur au centre du dispositif d’attaque.

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Pour réaliser une telle coordination, une technologie d’intelligence artificielle doit être développée et validée opérationnellement.  C’est sans doute là la principale difficulté de ce programme ambitieux, et la raison pour laquelle la DARPA organise le 24 septembre prochain une journée dédiée au sujet.

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La Chine vient de mettre en ligne une vidéo montrant pour la première fois le drone MALE (medium altitude long endurance)  Wing Loong en train de tester son armement (en l’occurrence un missile air-sol). Ce drone, dont l’apparence ne peut manquer de faire penser à un drone Predator, a été présenté récemment au salon du Bourget. Il a une longueur de 9,34 mètres pour une envergure de 14 mètres, et pèse un peu plus d’une tonne.

Construit par AVIC (Aviation Industry Corporation of China), l’engin descend du “Pterodactyle”, un UCAV (unmanned combat air vehicle) présenté à la fois au Bourget et au salon de Zhuhai en 2012. Il pourrait emporter une charge utile plus importante que celle du Pterodactyle, qui était de 200 kg (seulement). 4 armements ont été exposés : le missile air-sol BA-7, la bombe guidée laser YZ-212, la bombe antipersonnel YZ-102A et une bombe guidée miniaturisée de 50 : la LS-6.

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Il est muni d’un moteur à pistons de 101ch et une hélice tripales, et possède un plafond opérationnel de 5300 m, un rayon d’action de 4000 km et une vitesse maximale de 280 km/h (20h d’autonomie). La station de guidage est présentée ci-dessous.

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Le drone possède plusieurs variantes dont le Sky Saker / Rui Ying destiné à l’export et embarquant un radar SAR et un pod optronique, le WJ-1 pour l’attaque au sol ou encore le GJ-1 également destiné à l’attaque au sol, et capable d’effectuer une désignation automatique de cibles.

La video montre le tir de test du Wing Loong, ainsi que la séquence de chargement.

L’ ambition de la Chine n’est pas uniquement technologique. Il s’agit en l’occurrence de fournir une alternative à l’export, pour des pays incapables d’acheter des drones américains ou israéliens en raison de contraintes législatives ou d’embargos. En fait, la Chine n’ayant pas pris part aux accords MTCR (Missile Technology Control Regime) et à l’arrangement de Wassenaar sur le contrôle des exportations d’armes conventionnelles et de biens et technologies à double usage, elle prétend jouer le rôle de challenger à l’export, sans être liée à de telles contraintes.

Dans ce domaine, la Chine, qui fait fabriquer ces engins par des consortiums académiques, ce qui a l’effet immédiat de baisser les coûts de production et le prix de vente, serait un joueur crédible et disruptif. A titre d’exemple, le drone MALE BZK-005, livré à plus de 1500 exemplaires à l’armée chinoise, a été développé par la Beijing University of Aeronautics and Astronautics et le groupe Harbin Aircraft Industry Co., Ltd – la comparaison avec le drone américain MQ1 Predator est présentée ci-dessous.

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Même s’il est aujourd’hui difficile d’évaluer le degré réel de sophistication des drones chinois, la Chine est sans nul doute en train de devenir un acteur réel capable de jouer un rôle de premier plan dans la prolifération de drones aériens militaires.

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La société italienne « Hacking Team » fait décidément beaucoup parler d’elle en ce moment. La société à récemment fait les frais d’une attaque de pirates qui ont remplacé brièvement son nom de « Hacking Team » en « Hacked Team », en réaction à son logiciel Da Vinci, spyware destiné aux agences gouvernementales et décrit comme « ennemi de l’internet » par Reporters Sans Frontières.

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Aujourd’hui, on apprend sa collaboration avec la société InSitu, filiale de Boeing, qui développe des drones aériens tels que le ScanEagle ou le RQ-21A « Blackjack » (ci-dessous). Lors d’une rencontre au salon IDEX, les deux sociétés se sont rapprochées en vue de concevoir un système aéroporté, sur la base d’un drone, permettant de déployer une capacité de piratage d’un réseau wi-fi.

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La technologie repose sur le système TNI pour Tactical Network Injector, un module durci développé par Hacking Team, et permettant d’insérer un code malveillant afin de lancer des attaques au sein d’un réseau wi-fi. Ce mini-TNI est baptisé Galileo. La fiche marketing (plus que succincte) peut être téléchargée ici.

Bien que démentant que les discussions soient toujours en cours, on voit bien l’intérêt d’une telle technique, compte tenu des capacités des « network injectors ». Cette technologie n’es d’ailleurs pas nouvelle : il s’agit généralement de machines physiques rackables, capables d’injecter des contenus malveillants dans le trafic internet, généralement via des contenus non cryptés, comme des flux video YouTube. Ce qui est plus innovant, en revanche, c’est la capacité apparente d’embarquer de telles capacités dans un vecteur autonome aérien, pour pirater des réseaux wi-fi.

Il y a quelques temps, la société londonienne Sensepoint Security avait présenté le drone « Snoopy » (ci-dessous), capable d’intercepter des données échangées via smartphone sur réseaux sans fil.

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Les conversations entre Insitu et Boeing ont été publiées dans WikiLeaks.