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Le biomimétisme (pour faire simple, l’inspiration du vivant pour tirer parti des solutions et inventions produites par la nature) n’a décidément pas fini de nous étonner. On connaissait déjà les « winglets » des avions inspirées des rémiges des rapaces, le fantassin-gecko (voir cet article), ou encore la gourde « magique » inspirée de la carapace du scarabée de Namibie. Voici maintenant la truffe artificielle pour la détection d’explosifs et de stupéfiants.

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Des chercheurs de l’institut américain NIST (National Institute for Standards & Technology) en collaboration avec la FDA et le MIT se sont ainsi inspiré de la truffe du labrador, qu’ils ont recréée en 3D. Anecdotique ? Pas vraiment. Car les chiens ont une capacité remarquable de détection olfactive. Evidemment sans commune mesure avec l’olfaction humaine, la capacité de détection d’un chien est remarquable : sa sensibilité est comparable aux meilleurs détecteurs industriels, mais elle est surtout instantanée alors qu’un détecteur artificiel doit réaliser la collecte d’échantillons, le traitement du signal, son analyse, sur plusieurs cycles. L’odorat du chien permet ainsi de détecter des traces de nitroglycérine présentes à un rapport de concentration de 0.5 ppb (partie par milliard) soit 0.5 microgrammes par litre !

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La question était de savoir si cette détection était uniquement due à une caractéristique des quelques 300 millions de cellules olfactives du chien, ou si la forme de la truffe en elle-même participait à cette performance. Les chercheurs ont ainsi montré que l’efficacité de la détection résidait dans le fait que le chien est un détecteur actif de substances : c’est un « analyseur aérodynamique » qui fait entrer l’air par des petites inspirations et expirations très rapides ; la géométrie de la truffe génère alors des turbulences aérodynamiques qui optimisent la détection des substances par les cellules olfactives. Cela peut être observé dans un dispositif appelé chambre de Schlieren, et qui permet de visualiser les flux d’air et leur évolution.

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Par rapport à une simple inhalation, le mécanisme de « reniflement rapide » est ainsi 4 fois plus efficace. Les chercheurs ont donc réalisé des impressions 3D (sur une gamme d’imprimantes différentes) de « truffes artificielles » modélisées à partir d’un labrador de type « golden retriever ».

Ils ont ensuite équipé un détecteur d’explosif de type robot renifleur de cette truffe artificielle. Et les résultats sont édifiants. Avec une stratégie de reniflement inspirée de celle du chien (des inhalations et expirations rapides), le détecteur, à 4cm de la source, est 16 fois plus efficace que le détecteur « nu » et jusqu’à 18 fois plus efficace à 20cm de la source.

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La vidéo ci-après permet de bien visualiser le flux d’air à l’entrée des « narines ».

Evidemment, les chercheurs n’ont pas dans l’idée de doter les robots de nez artificiels de labradors. Mais cette découverte peut permettre d’orienter les futurs développements de robots détecteurs, à la fois en termes de géométrie du capteur que de stratégie de direction des flux d’air. Car un robot détecteur se fatigue moins qu’un chien renifleur, et surtout ne nécessite pas une longue période de dressage. A défaut de vous rapporter votre journal…

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La société Airbus Defense & Space a annoncé avoir conduit une série d’expérimentations à l’aide d’un hélicoptère Bell 206, en vue de démontrer les capacités de son système SFERION d’assistance au pilotage en conditions de visibilité dégradées ou réduites. L’idée est de permettre au pilote de visualiser les informations prioritaires pour sa sécurité, lorsque l’environnement est complexe : météo dégradée, présence d’obstacles (pylônes ou fils électriques, arbres, …), modification rapide de la situation tactique, terrain complexe inconnu… Toutes ces informations sont projetées au pilote sous forme d’indications visuelles en head-up display (affichage tête haute), ou via des écrans dédiés.

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A la différence des HUD conventionnels, le système superpose des données synthétiques (zone ou ligne de sécurité, exagération de la visualisation des obstacles, …) en temps réel, en cohérence complète avec le terrain.

Pour ce faire, le système SFERION est composé de deux modules : SFERISENSE, qui repose sur un senseur Laser, et permet de détecter dynamiquement les obstacles ou même la nature des zones d’atterrissage possibles (module déjà largement en service), et SFERIASSIST, un module de fusion de données capable de combiner en temps réel l’information reçue du senseur, et les bases de données des zones concernées.

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Le pilote est ainsi capable de visualiser les indications critiques en temps réel : prochain amer de navigation, obstacles importants, ou même présence d’objets mouvants sur la zone d’atterrissage. Au-delà, le système est envisagé comme cœur technologique pour un futur module de pilotage d’hélicoptère en mode semi-automatique.

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Lancé en décembre 2009 dans le cadre du Conseil OTAN-Russie afin d’élaborer un dispositif de détection à distance de kamikazes porteurs d’explosifs dans le transport de masse, le programme STANDEX s’est achevé en 2014, à la suite de la démonstration parisienne du système. Au cours des essais en conditions réelles qui ont eu lieu en juin dernier dans le métro, le projet a permis  d’identifier un suspect, et surtout de détecter les explosifs que ce suspect dissimulait sur lui – tout ceci en temps réel, et sans perturber ou ralentir le flux des passagers.

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Les technologies utilisées:  le balayage hyperfréquence permettant de détecter des anomalies dans la composition moléculaire des sujets, et un système de contrôle adaptatif, fusionnant les informations, et capable d’affiner le comportement des capteurs en cas de détection d’une anomalie. La vidéo ci-dessous présente le projet.

La France a financé une partie de STANDEX et a joué le rôle de pilote du programme. De plus, et dans le contexte actuel, cela mérite d’être souligné (!),  STANDEX est un programme collaboratif entre l’OTAN et la Fédération de Russie. Cette dernière a contribué très activement, en particulier via l’Institut du radium Khlopine, basé à Saint-Pétersbourg. Les autres participants pour la première phase de STANDEX étaient le CEA, le Frauenhofer Institute allemand, TNO aux Pays-bas, Applied Science and Technology Organisation (APSTEC) et ATC Semiconductor en Russie et l’ENEA en Italie.

L’OTAN, avec les Etats parties, travaille actuellement à la définition d’un programme destiné à prendre la suite de STANDEX. En parallèle de ses travaux, l’OTAN vient de lancer un appel à proposition,  dont le détail est disponible sur www.nato.int/science. Les réponses sont attendues pour le 1er juillet 2015.
Images (c) OTAN

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Le domaine des RFID ne cesse de progresser (rappelons que l’on désigne sous cet acronyme des dispositifs d’identification par radio-étiquettes permettant de mémoriser des données à distance, et de les récupérer). Le département Global Research de la société GE cherche ainsi à développer une technique économique et mobile, aisément déployable, de détection d’agents chimiques dangereux sans supervision humaine. Cette nouvelle étiquette est supposée pouvoir détecter explosifs et agents oxydants (bon, peu de détails fournis par le fabricant, et l’on comprend aisément pourquoi). Opérant sans batterie, ces étiquettes peuvent être placées dans des soutes ou containers de cargo, des aéroports ou gares, des infrastructures administratives… et permettre une détection efficace pendant des mois sans avoir besoin de recharge ou de remplacement.

La faible portée du détecteur (notamment pour permettre sa lecture), typiquement de 3,5m au max, peut être compensée par la possibilité d’en déployer un grand nombre dans un lieu unique, le coût unitaire étant annoncé comme négligeable.

L’intérêt est ainsi de pouvoir permettre une détection sans proximité physique avec la substance dangereuse, et sans recours à des ressources précieuses comme les chiens. La commercialisation n’est pas encore effective, mais doit survenir dans les prochaines années.