Articles Tagués ‘geofencing’

geofencing

Comment localiser des terroristes en suivant les réseaux sociaux ? Alors que les événements tragiques se déroulaient, cette semaine était aussi la semaine du salon MILIPOL, où j’ai pu assister à une démonstration impressionnante développée par une petite start-up texane hébergée sur le stand de la société ESRI. Une démonstration bluffante (et un peu inquiétante, aussi…), mais parfaitement d’actualité.

Snaptrends est une société d’une trentaine de personnes, basée à Austin, Texas. Elle a pour vocation le « social media intelligence » : le recueil d’informations et de renseignement en source ouverte, le tracking global ou géospécifique d’individus ou d’influenceurs par l’analyse des réseaux sociaux. Dans les photos suivantes, les noms apparaissent en clair puisqu’il s’agit d’informations publiques. Mais l’innovation réside dans la manière de les traiter.

20151119_155325_resized

Un sujet d’actualité donc ; voici comment cela fonctionne. Une fois l’interface de Snaptrends lancée, on peut effectuer une recherche par mots-clés (dans mon cas : « RAID » and « TERROR »). L’application lance alors une recherche en analysant tous les flux sociaux : Twitter, Facebook, Google+, Instagram, etc… en combinant l’analyse avec ce que l’on appelle du « geofencing ».

20151119_155320_resized

Ce mot-valise combinant géolocalisation et fencing (création de frontières, en l’occurrence), décrit le fait de pouvoir délimiter une zone virtuelle géolocalisée – en  l’occurrence, définie par les contenus des messages échangés sur les réseaux sociaux : ceux utilisés directement par la personne ciblée, et l’analyse de réseaux alternatifs connexes.

20151119_155329_resized

Dans l’exemple ci-dessus, il est frappant de voir immédiatement la géolocalisation des articles, des commentaires Facebook, des tweets, le lendemain de l’assaut du RAID à Saint-Denis. Mais on peut aller (bien) plus loin. En l’occurrence, on peut cibler un utilisateur qui semble intéressant (je laisse aux professionnels le soin des critères – pour la démo, nous avons pris un profil classique, Emmanuel de Brantes, journaliste et chroniqueur).

20151119_155417_resized

On zoome alors sur ce profil, combiné avec la géolocalisation : cela permet de voir les messages échangés via ce profil le jour même (le « + » sur l’image), la veille (« D ») ou la semaine précédente « W »).

20151119_155501_resized

Mais il est possible aussi de « remonter » l’activité de l’individu ciblé en reconstituant ses messages passés – en l’occurrence, il est allé à Londres récemment, et il est possible de géolocaliser jusqu’à la rue de son hôtel. Flippant, je vous dis.

20151119_155549_resized

Et l’analyse de son réseau est également possible par l’outil : voici toutes les personnes qui le suivent, ou avec qui il est en contact direct, ou qu’il suit.

20151119_155834_resized

Et on peut aller plus loin en dévidant la pelote, en reconstituant tout son réseau, et en utilisant une technique de visualisation connue depuis longtemps mais très efficace : les graphes paraboliques.

20151119_155910_resized

20151119_155916_resized

Alors où se trouve l’innovation ? D’abord dans la rapidité et la pertinence des algorithmes de geofencing. L’information arrive en temps réel, elle est instantanée. De plus, les algorithmes analysent non seulement les réseaux directement utilisés par la cible, mais tous les réseaux connexes avec ces premiers réseaux : une véritable analyse « big data » en profondeur. L’innovation réside ensuite dans l’intelligence de l’interface, qui permet, à partir encore une fois de données publiques en sources ouvertes, de parcourir intuitivement le graphe relationnel de la cible. Il est également possible d’évaluer son degré d’influence dans les réseaux.

D’autres applications dans le domaine existent, mais c’est la première fois que je vois une telle fluidité dans l’utilisation, et une telle pertinence, vérifiée dans un contexte d’actualité particulièrement représentatif de l’intérêt d’une telle approche. Un outil qui, combiné à d’autres systèmes, devrait se révéler d’une redoutable efficacité dans la lutte contre le terrorisme.

Le site de la société est accessible ici

 

sysnav
Le SOFINS a fermé ses portes jeudi dernier, à Bordeaux (voir mon précédent article ici). Parmi les innovations proposées, j’ai réalisé une petite sélection pour les lecteurs de ce blog.  Aujourd’hui, nous allons parler de balises, de tracking et de géolocalisation.

La société 4G technology, société française basée à Sofia Antipolis, rencontrée à l’occasion du SOFINS, conçoit des produits de sécurité nomades et en particulier une balise compacte (149g, diamètre de 70mm, épaisseur de 30mm) pour le tracking temps réel. Baptisée BAGEO, cette balise est dotée d’une fonction GPRS permettant de réaliser des relevés GPS ou GSM à intervalles fixes, et est capable de générer des alarmes techniques ou d’événements.

Le principe consiste à aimanter la balise sur le véhicule à surveiller ; dotée d’aimants d’une force d’adhérence de 15kg, cette balise permet non seulement de stocker des alarmes mais surtout de les interpréter pour permettre à l’utilisateur de recevoir une notification même lorsque la communication est rompue avec le serveur. La balise, étanche, est dotée d’un accéléromètre 3D et de 8Mo de mémoire flash (assez pour stocker 70 000 points de mesure).

Outre le suivi de mobiles, il devient possible de faire du « géo-fencing », c’est-à-dire de délimiter une zone sur une carte (cercle, polygone…), et de recevoir une alarme à chaque fois que la balise entre, sort, bouge ou s’arrête dans la zone prédéfinie.

 Outre BAGEO, 4G technology conçoit des solutions de videosurveillance nomades : valise vidéo nomade, ou borne de vidéosurveillance mobile, ne nécessitant qu’une bande passante minimale et permettant un déploiement en moins de 1h. Il serait intéressant de regarder l’utilisation de tels systèmes dans le cadre d’une opération comme SENTINELLE, nécessitant une surveillance mobile et imprévisible.

Toujours dans le domaine du tracking, la DGA présentait les innovations dans le cadre du programme RAPID, et en l’occurrence le système JINS (Jamming Insensitive Tracking System) de la société SYSNAV. Il s’agit d’une balise de géolocalisation utilisable en conditions hostiles, par exemple pour réaliser du Blue Force Tracking, et ayant le bon goût de ne pas reposer sur une solution GPS (inutilisables en zones couvertes ou parfois en zones hostiles).

JINS

Il s’agit d’une balise magneto-inertielle, existant en plusieurs versions : une version pour le blue-force tracking permettant d’équiper une flotte de véhicules, et une solution en valise PELICAN plus discrète, dont évidemment il est difficile de révéler toutes les caractéristiques sur ce blog. Dans ce dernier cas, ce que l’on peut décrire (car faisant l’objet de communications publiques), c’est que  la balise, d’une autonomie de 3 mois, est capable d’enregistrer sa position tous les 1/100e de seconde, avec une précision de l’ordre de 5m. La balise n’émet pas ni ne reçoit pas de signal, ce qui la rend virtuellement indétectable, et est insensible au brouillage. Elle pèse 150g et est, elle aussi, étanche et également insensible aux chocs et vibrations.

L’innovation consiste ici à avoir développé une centrale inertielle haute précision dans un encombrement réduit et à un coût bien plus faible que celui des systèmes concurrents (environ 100 000 euros pour une centrale inertielle haut de gamme classique) :

Cette société (française  et constituée par d’anciens ingénieurs du LRBA!) a ainsi participé au développement de la dernière centrale de navigation pour bateaux, BlueNaute, de SAGEM.  La technologie est utilisable en tracking, géolocalisation, et guidage.  Avec des applications, bien évidemment, à examiner dans le domaine du guidage de drones autonomes…

Images (c) SYSNAV, 4G Technology

 

dhs_drone-660x495

Pendant que les affaires sur les survols intempestifs de drones dans des zones urbaines se multiplient (avec notamment aujourd’hui l’arrestation de trois journalistes d’Al Djazeera en train de manipuler un drone dans le bois de Boulogne), le Department of Homeland Security américain a tenu une conférence « ouverte à tous sauf à la presse »( !)  à Arlington, sur les dangers sécuritaires afférents à la multiplication des drones low cost.

A grand renfort de films montrant des drones de loisir équipés d’armes automatiques, ou encore l’attaque victorieuse ( !!) d’un convoi de blindés par des drones armés (pour un montant de moins de 5000$), l’évènement a aussi présenté des modifications de drones en tant qu’engins volants explosifs improvisés, des « flying IEDs ». Vous auriez pu lire le CR détaillé de la conférence sur le site de Daniel Herbert, qui a posté la photo en tête d’article, présentant un drone phantom de DJI, marque chinoise très populaire, avec une charge utile d’1,5 Kg d’explosifs.Mais le DHS lui a gentiment demandé de tout enlever…

De nombreux organismes réfléchissent à la manière technologique de limiter ou de contrôler ces vols de drones. Une des actions envisagées est le « geofencing », consistant à instaurer des zones de non-vol de drones directement en tant que coordonnées GPS dans le firmware de l’appareil. Evidemment, tout ceci suscite une levée de boucliers des pilotes amateurs au nom de la liberté individuelle… (amusant : la première zone que DJI a instaurée en geofencing était la place Tian An Men, sans que personne n’y trouve rien à redire). Nul doute que bientôt, les premières modifications permettant de contrôler le firmware d’un drone ou de l’altérer seront disponibles sur Internet (après tout, il est aujourd’hui possible de modifier le logiciel de votre voiture, bien que cela soit illégal).

La question est donc de savoir si d’autres technologies, externes aux constructeurs, pourront être utilisées pour exercer un contrôle – par les forces de l’ordre, notamment – sur les drones intempestifs. Un rayon laser (comme une version réduite du LaWS américain, dont nous parlerons plus tard) a même été évoqué sérieusement, tout comme les moyens de brouillage directionnel.  Mais aujourd’hui, on pense que la majorité des drones survolant des villes la nuit effectuent un circuit GPS, donc sans besoin d’un lien permanent avec le pilote.

Tout ceci intervient au moment où une start-up portugaise, la société TEKEVER, a montré qu’un pilote équipé d’un casque d’électro-encéphalographie, pouvait contrôler un drone par la pensée.

pilote

Dans l’esprit de TEKEVER, il s’agit de permettre au pilote de se concentrer sur des tâches tactiques complexes, tout en laissant les mécanismes basiques de vol à la charge du drone lui-même. Il reste à espérer qu’un cerveau de terroriste n’est pas à la hauteur de la tâche…