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Bien que le projet soit engagé depuis 2012, c’est ce mois-ci, lors de la conférence FIRES de Fort Sill (USA), qui permet chaque année aux industriels de dévoiler leurs dernières innovations en termes de technologie de défense (ci-dessous), que Lockheed Martin a fait le « buzz ». La firme américaine a en effet, et pour la première fois, dévoilé des détails et caractéristiques techniques sur son missile miniature « Hit-To-Kill » (MHTK).

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Il s’agit d’un nouveau type de missile miniature, permettant, sur le même principe que le système « Iron Dome » israélien, de constituer une bulle de protection autour d’installations sensibles, ou de troupes déployées.

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La bestiole est très, très compacte ; en gros, la taille d’un parapluie : 71cm de long dans sa dernière version (contre 68cm initialement), un diamètre de 4cm, et un poids d’environ 2,2 kg. Cela, en soi, c’est une innovation. Car le missile MHTK embarque un radar miniaturisé à antenne active, un système de propulsion et son carburant, le système de contrôle, et bien évidemment une charge utile (en l’espèce, de la même manière qu’un obus flèche, c’est l’énergie cinétique qui provoque l’effet militaire, sans besoin d’une charge explosive). Le système de tracking est une antenne AESA (active electronically-scanned array) qui procure un champ de balayage de 45° en élévation, avec un angle de 90°. Pour mémoire, un radar AESA remplace l’antenne mécanique mobile d’un radar classique par un ensemble fixe composé de plusieurs modules émetteur/récepteur. Chacun de ces modules est commandé individuellement, ce qui permet d’orienter le faisceau dans la direction souhaitée.

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L’emploi privilégié du MHTK est la protection d’installation contre des attaques de type roquettes, missiles ou drones. Différents radars couvrant la zone ont fonction de détecter la menace. Une fois celle-ci identifiée, le MHTK est lancé, et va se diriger vers les coordonnées signalées par le radar, avant d’engager une phase de recherche autonome de sa cible en analysant notamment sa vitesse d’approche. L’interception est directe (« hit to kill ») et permet d’éviter les dégâts collatéraux que l’on peut redouter si l’on emploie une charge explosive au lieu d’une charge cinétique.

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L’objectif est de pouvoir lancer le MHTK à partir de plateformes mobiles (camions lanceurs) ou même d’employer des systèmes de lancement verticaux, permettant d’embarquer une trentaine de missiles, qui ensuite trouveront d’eux-mêmes leur cible (plusieurs versions du MHTK existent, actives ou semi-actives, mais elles possèdent toute la même configuration). Lockheed Martin cherche ainsi à imposer le choix du MHTK comme le système retenu dans le cadre du programme Indirect Fire Protection Capability de l’US Army.

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Mais comment Lockheed Martin a-t-il réussi à miniaturiser un tel système (gage notamment de sa manœuvrabilité une fois dans les airs, sachant qu’il doit intercepter des cibles elles-mêmes très manœuvrantes) ? La réponse : en s’inspirant de technologies civiles !

Son système de tracking utilise ainsi des composants issus de l’imagerie médicale (en particulier en convertissant les radiofréquences en signaux lumineux – pour le coup, c’est le niveau maximal d’information fourni par Lockheed Martin !). Ce faisant, le système gagne en compacité. Les ingénieurs se sont également inspirés de l’industrie des smartphones afin d’en dériver des modules et en particulier d’en exploiter une caractéristique très intéressante : dans un smartphone, l’électronique est conçue de telle façon que les composants n’interfèrent pas entre eux alors qu’ils cohabitent dans un facteur de forme très compact. Une caractéristique évidemment très utile au domaine militaire.

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Ce « baby missile » comme la presse le surnomme déjà est donc l’illustration parfaite des fertilisations croisées entre le monde civil, grand public, et l’innovation technologique de défense. De plus, l’utilisation de technologies dites CE pour « Consumer Electronics » permet de garantir une certaine robustesse. Un smartphone doit pouvoir tomber, encaisser des chocs, des variations de température, sans pour autant cesser de fonctionner. Finalement, le monde civil est parfois plus exigeant en termes de robustesse que le monde militaire.

Le missile MHTK – s’il remporte la compétition – devrait être mis en service d’ici 2022.

 

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DF-ZF pour les chinois, WU-14 pour le Pentagone américain : ce sont les petits noms du nouveau planeur hypersonique chinois, capable de voyager entre Mach-5 et Mach-10. Pour être précis, il s’agit d’une charge militaire hypersonique, lancée à partir d’un missile balistique, ce que l’on appelle en anglais « high-speed maneuvering warhead » ou « hypersonic glider », et capable de percer tout système d’interception.

Pour être tout à fait concret, cela représente des vitesses de l’ordre de 10 000 km/h, même si la notion de véhicule hypersonique doit être modulée et précisée en tenant compte de l’altitude de l’engin (dans la haute atmosphère). Mais l’idée est d’être en position de frapper n’importe quelle cible sur la surface de la Terre en moins d’une heure. Ou de neutraliser un satellite en orbite basse.

Le missile propulsant le système DF-ZF a été tiré la semaine dernière à partir de la base de lancement de Wuzhai, en Chine centrale. Officiellement, il s’agit d’un tir d’essai « pour une mission scientifique » (!), qui fait d’ailleurs suite à un tir russe (le 22 avril dernier) d’essai d’un véhicule hypersonique analogue, à la frontière du Kazakhstan.

Le film ci-dessous illustre bien le concept.

Cette charge hypersonique est compatible avec plusieurs types de missiles balistiques chinois, comme le DF21 (moyenne portée) ou DF31 (ICBM ou missile balistique intercontinental). Le principe est de permettre au missile de lâcher le véhicule dans la stratosphère. Celui-ci retombe alors dans l’atmosphère, et voyage à haute vitesse. Bien que générant une trainée importante, cette solution permet de « planer » plus longtemps que si le véhicule était relâché dans l’espace, tout en minimisant le risque d’interception. En l’espèce, neutraliser un tel engin nécessiterait une arme à énergie dirigée (laser ou « railgun »). Bien que la trajectoire soit prévisible au début (car balistique), c’est donc bien la vitesse qui permet de percer les défenses ennemies. De plus, la trajectoire du DF-ZF est dite « up and down » : le véhicule est lâché, entre dans l’atmosphère, puis se rétablit et remonte avant de contrôler son altitude et sa vitesse, et de planer vers sa cible. Cette trajectoire semble erratique, et est très difficile à anticiper pour un système de défense.

La DARPA cherche également à développer un tel programme, et l’US Air Force anticipe une mise en service vers 2020 (notamment sur la base du X51 Waverider, ci-dessous).

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Comme le DF-ZF, le principe est également de « surfer » sur l’onde de choc créée par le véhicule lui-même (et créant une portance dite de compression). Cependant, à la différence du système chinois, le X51 repose sur une propulsion de type statoréacteur, sans aucune pièce mobile, mais qui est lancé à partir d’un bombardier B52. Le tableau ci-après présente les différents concepts.

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Les russes ne sont pas en reste, avec notamment leur missile Zircon (ci-dessous) à base de combustible liquide, et capable de voler à 6000 km/h et tiré à partir d’un sous-marin de cinquième génération (classe Husky).

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Il s’agit donc bien d’une course à l’hypervélocité. Au-delà de se doter de capacités de frappe nucléaire hypervéloce (comme le suggèrent de nombreux article un peu trop racoleurs sur Internet), la Chine cherche surtout à pouvoir montrer (et prouver) ses capacités à percer une défense antimissile régionale, comme le pensent les chercheurs de la Potomac Foundation.

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La carte ci-dessus montre bien les enjeux dans la maîtrise de la région. Une arme hypersonique pourrait jouer un rôle soit dissuasif, soit offensif dans des zones comme Taiwan, ou la mer de Chine méridionale. A suivre, donc.

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La société Raytheon a développé un mini-missile à guidage laser destiné à équiper les fantassins et les forces spéciales. Le missile Pike, son petit nom, mesure 43 cm de long pour un calibre de 40mm, et pèse moins de 900g. Tiré par un lance-grenade monté sur une arme automatique comme le M320, il peut atteindre une cible à 2km de distance (cette dernière devant être illuminée par un laser).

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Bien plus compact qu’un missile Javelin, le Pike possède néanmoins une tête explosive à fragmentation, suffisante pour un emploi dans un contexte de guérilla urbaine. L’innovation réside dans la miniaturisation de l’électronique embarquée du Pike mais aussi dans son comportement.

Il est en effet possible de lancer le missile en tir balistique, et de n’illuminer la cible qu’après le missile tiré. Une fois lancé, le Pike cherche en effet la réflexion du laser, et s’oriente de manière autonome en fonction de cette détection. Selon Raytheon, le missile n’émet pas de fumée en vol, pour accroître sa discrétion. L’innovation réside également dans la protection de cette électronique embarquée dans un si petit format, puisque celle-ci doit subir sans dommages des accélérations impressionnantes en une fraction de seconde. Pas évident en termes d’ingénierie.

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Ce missile a été présenté lors de l’exposition AUSA à Washington ces derniers jours ; la société Raytheon a annoncé que le missile Pike avait été testé avec succès en conditions opérationnelles. Une version future devrait voir le jour, en particulier capable d’être tirée depuis un drone.

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Et ça marche! Après les armes de poing, les missiles. La société Raytheon a annoncé que ses ingénieurs avaient réussi à imprimer en 3D 80% des composants d’un missile : le moteur, les ailerons, et des composants nécessaires au guidage et à la navigation. L’image ci-dessus montre le moteur du missile en fonctionnement – or ce moteur a été créé par la méthode de fabrication additive (impression 3D).

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La recherche aujourd’hui consiste, en sus des composants mécaniques plus traditionnels, à utiliser de telles techniques pour déposer des matériaux conducteurs afin de créer des circuits électriques. L’intérêt est aussi (outre la rapidité de création et la diminution des stocks) de pouvoir expérimenter des structures plus légères et optimisées en termes d’isolation thermique, et de tester presque immédiatement les prototypes.

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L’image ci-dessus montre les composants « imprimables » (ceux qui ne sont pas en métal) d’un missile. A terme, même les connecteurs pourront être créés de cette manière. Le principe en lui-même n’est pas nouveau : Lockheed Martin a même déposé en 2006 un brevet sur la conception et l’impression en 3D de têtes militaires. Et pour tous ceux que cela intéresse, je vous conseille la lecture (même si la mise en page est surréaliste) du numéro spécial de Army Technology ci-dessous (cliquez sur l’image pour le télécharger).

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PS. Je rappelle que ce blog va fonctionner à un rythme ralenti en cette période estivale. Encore une fois, ce n’est pas un abandon, ou un manque d’inspiration. Juste un gros besoin de vacances.

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Un test par l’US Navy et – encore – la société Raytheon a démontré la capacité d’un missile Tomahawk tiré d’un destroyer américain (le USS Kidd) à détruire une cible mouvante, en utilisant les informations fournies au travers d’un réseau de différentes plates-formes.

En réalité, deux tests ont été conduits, tous deux avec succès :

  • Un premier test consistant à faire suivre à un missile de croisière Tomahawk Block IV une mission préétablie, puis à l’interrompre suite à la réception de coordonnées d’une nouvelle cible transmises par le Joint Network Enabled Weapons Mission Management Capability (JNEW-MMC) du Naval Warfare Center. Le missile a alors changé de mission et atteint sa nouvelle cible mouvante avec succès ;
  • Un second test consistant à soutenir un groupe de Marines :  un autre Tomahawk Block IV tiré lui aussi par l’USS Kidd, a été guidé par les Marines pour une frappe verticale, suite à la réception d’un signal de demande d’appui feu. Ce guidage a été effectué via un Boeing F/A-18E/F Super Hornet.

Ces tests ont démontré la viabilité de l’utilisation de communications longue distance pour conserver et rafraîchir la position de cibles mouvantes, inscrivant ainsi le Tomahawk dans la logique d’une arme « numérisée » et adaptative.  Cela apporte également une réponse au problème de la surveillance de la menace dans un rayon de 200 nautiques : jusqu’à maintenant, ce rayon ne permettait pas de guider le missile jusqu’à sa cible terminale ; le missile étant subsonique, la cible avait le temps de bouger significativement hors de la zone – sans parler du risque de « friendly fire » si un navire ami ou neutre se trouvait à la limite de la zone.

Le Tomahawk Block IV pourrait ainsi répondre provisoirement à ce problème grâce à ses capacités d’adaptation et de guidage via le réseau, avant que l’US Navy ne mette en service des armements plus modernes comme le Long Range Anti-Ship Missile (LARSM).

Voici, ci-dessous, une vidéo du second test.