Articles Tagués ‘SWARM’

offset1

Le biomimétisme est un domaine en plein essor, et nous avons déjà parlé dans ce blog de l’inspiration de la nature dans différents domaines (camouflage, mobilité…). Cette fois-ci, un petit éclairage sur le programme OFFSET de la célèbre DARPA (rappel : Defense Advanced Projects Research Agency).

Là où il y a programme militaire, il y a acronyme et celui-ci (OFFSET, donc) signifie OFFensive Swarm-Enabled Tactics, soit tactiques offensives en essaim. La robotique en essaim, c’est un serpent de mer (pour rester dans la métaphore biologique); depuis les années 1990, de nombreux chercheurs et instituts s’inspirent de la nature et du comportement en essaim des oiseaux et des insectes pour imaginer des modes de travail collaboratifs pour des robots.

offset6

Car un essaim, c’est un système multi-agents en mouvement, un système complexe capable de comportements émergents et adaptés. A la différence d’un système classique (un vecteur, une mission), un essaim semble capable de prendre des décisions complexes et coordonnées dans un environnement non structuré. On parle d’auto-organisation, un processus par lequel de multiples décisions individuelles entraînent un comportement au niveau du groupe.

offset10

Prenons l’exemple d’un essaim d’insectes sociaux (fourmis, criquets…). Chaque individu possède des capacités de mouvement et de préhension limitée, l’ensemble de l’essaim étant quant à lui capable d’édifier des structures complexes. Autre exemple : les poissons ou oiseaux capables d’échapper à des prédateurs en utilisant des tactiques d’évitement tournoyantes complexes, sans que la trajectoire ne soit définie à l’avance, et chaque membre de l’essaim se fondant sur le comportement de ses voisins immédiats.

L’idée de la robotique en essaim, c’est donc de développer des algorithmes adaptés à des centaines ou des milliers de robots simples, chacun disposant de fonctions et de capacités de base et d’une connaissance limitée du monde et de ses voisins, afin de développer un comportement collectif résultant de la combinaison des actions individuelles.

offset5

Dans le programme OFFSET, la DARPA s’intéresse au combat urbain et vise à utiliser des techniques innovantes en essaim pour établir et maintenir une supériorité opérationnelle dans cet environnement. Car l’exploration d’un théâtre d’opérations en zone urbaine est complexe : l’environnement est imprévisible, compliqué (occlusion, multiples chemins, découpage vertical de l’espace). Une stratégie de type essaim permettrait d’avoir un réseau de capteurs distribués et dispersés, une combinaison des effecteurs, et une distance opérationnelle accrue. L’idée dans le programme est d’employer environ 250 éléments autonomes et hétérogènes au sein de l’essaim, dans une zone équivalant à 8 blocs urbains (rappelons que nous sommes aux USA et que leurs villes sont conçues avec Minecraft – juste pour plaisanter), et pour une durée moyenne de mission de 6 heures.

offset7

La logique est présentée dans le schéma ci-dessous : les individus sont munis d’algorithmes de base (ainsi SLAM signifie Simultaneous Location & Mapping, cartographie et localisation simultanées). Des missions de plus haut niveau sont définies (les primitives), et le système multi-agents doit lui montrer l’emploi de tactiques (comme donner l’assaut à un bâtiment).

offset2

Pour ce faire (et comme présenté dans la vidéo ci-après), l’agence cherche à développer un environnement interactif de type jeu vidéo permettant à des opérateurs humains de juger de la pertinence des tactiques de l’essaim observées. En parallèle, la DARPA souhaite disposer d’une plate-forme de test physique permettant d’évaluer les individus autonomes et de définir une architecture de contrôle.

Dans sa forme, le projet est dynamique et itératif et utilise la méthode agile: tous les 6 mois, la DARPA organise un « Sprint » – donc une session de prototypage rapide – sur l’une des thématiques d’intérêt : autonomie de l’essaim, tactiques de l’essaim, interaction essaim/humain, environnement virtuel et plate-forme de test physique.

offset8

En parallèle, l’agence peut décider de déclencher un « sprint » sur une thématique ad hoc, à n’importe quel moment. Le schéma ci-après présente l’organisation du projet.

offset9

Le projet est innovant dans le fond et la forme, même si c’est encore une fois l’alliance de groupes industriels « classiques » qui rafle la mise, la phase 1 du contrat ayant été notifiée à Raytheon BBN Technologies et Northrop Grumman, les acteurs moins classiques se voyant intervenir lors des sprints. Presque innovant, donc…

dragon1

Lors du dernier salon AUSA (Association of the United States Army), la société Neany Inc a dévoilé un nouveau drone naval baptisé DragonSpy. Armé d’une arme automatique ARES 7.62, il repose sur une plateforme hybride diesel ou essence/électrique ; le prototype présenté lors d’AUSA était à propulsion uniquement électrique. L’arme repose sur un affut TRAP T360, développé par la société Precision Remote, une référence dans le domaine des armes automatiques autonomes et téléopérées (photo ci-dessous).

dragon 4

L’engin de 3m40 est doté de capteurs et de capacités ISR (intelligence, surveillance, reconnaissance) dont une caméra i2Tech i200L et peut s’intégrer dans un système de drones aériens, tel le drone ARROW développé par Neany Inc., pour augmenter ses capacités de reconnaissance. Il possède également un système de ciblage et d’interception de cibles automatique, ce qui ne manquera pas de déclencher l’ire des adversaires du recours aux SALA (systèmes d’armes létaux autonomes). Le système d’armes du DragonSpy a été testé avec succès en conditions opérationnelles, annonce la société.

L’engin est capable de fonctionner dans moins de 50 cm d’eau, et possède une vitesse de pointe de dix nœuds – le prototype dévoilé à AUSA est capable quant à lui de maintenir pendant 3h une vitesse de six nœuds en propulsion électrique. Reste encore à savoir comment se comporte la plate-forme dans des rapides ou des eaux agitées.

Ce n’est bien évidemment pas le premier (ni le dernier !) drone naval autonome ; a titre d’exemple, voici le système CARACaS (Control Architecture for Robotic Agent Command and Sensing) développé par l’ONR (Office of Naval Research) américain, et capable de contrôler un essaim de drones navals. La vidéo est assez impressionnante :

Dans le cas de DragonSpy, l’emploi est assez équivalent, mais la plate-forme, plus compacte, permet de patrouiller dans des eaux peu profondes. Une version future pourrait même incorporer une plate-forme pour un drone quadricoptère embarqué (on la voit d’ailleurs dans la photo ci-dessous prise lors d’AUSA et qui montre le nouvel aspect du DragonSpy).

dragon 3

La société envisage de généraliser le concept sur plusieurs types de plateformes navales. Le DragonSpy quant à lui serait utilisé pour des missions de patrouille et d’interdiction de zones (frontières, centrales nucléaires ou autres zones sensibles).