Articles Tagués ‘US Navy’

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Il s’appelle DAVD mais certains l’appellent déjà DAVID, pour Divers Augmented VIsion Display (système d’affichage en vision augmentée pour plongeurs) et c’est le tout premier dispositif permettant d’afficher des indications en vision augmentée pour des nageurs de combat, pendant leur mission.

On rappelle pour mémoire que la vision augmentée permet de superposer des indications synthétiques dans le champ visuel d’un opérateur ; l’exemple le plus connu est le HUD (affichage tête haute ou head-up display) des pilotes (de chasse comme de transport) permettant de visualiser les informations de pilotage, tactiques ou relatives à l’état de l’avion directement dans leur champ visuel. Avec la miniaturisation des moyens de calcul, et la maturité et la résolution des systèmes de génération d’image, cette technologie tend à se généraliser.

La réalité augmentée, quant à elle, va un cran plus loin, puisqu’il s’agit de superposer ces informations synthétiques en parfaite cohérence avec l’environnement réel de l’opérateur. C’est par exemple le cas dans le domaine en plein essor de la simulation embarquée dynamique, ou des avatars virtuels d’entités sont injectés sur le champ de bataille réel, en cohérence avec les mouvements du terrain. J’avais également mentionné dans cet article les différents projets visant à doter les fantassins de telles capacités (photo ci-dessous).

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Il s’agit donc d’une tendance de fond, comme le montre ce nouveau développement piloté par l’US Navy, en l’occurrence le Naval Surface Warfare Center Panama City Division (NSWC PCD). L’idée ici est de transmettre au plongeur des informations directement dans son champ de vision : informations tactiques, messages, mais également représentation de l’imagerie sonar générée par le bateau situé en surface, au-dessus de lui.

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Pour ce faire, les ingénieurs de l’US Navy ont eu l’idée de construire un casque de plongée intégrant directement un dispositif de réalité augmentée devant les yeux du nageur. Il s’agit de lunettes semi-transparentes capables de restituer à l’utilisateur des informations en haute définition. Le plongeur peut choisir d’activer ou non l’affichage en fonction de la complexité des opérations qu’il doit effectuer. Il peut également choisir de repositionner lui-même les informations dans son champ de vision. Cette fonction a d’ailleurs été mise au point après le retour d’expérience de différents plongeurs ayant testé le système.

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Il s’agit bien de vision augmentée puisque les informations sont « indicatives ». L’étape suivante consistera à munir le plongeur lui-même de microsonars lui permettant de superposer l’imagerie obtenue (de son point de vue) avec le terrain réel – une fonction très utile lorsque l’environnement est obscur et troublé. Il s’agira alors véritablement d’un dispositif de réalité augmentée.

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On pourra également imaginer superposer des informations simulées avec la vision réelle de l’opérateur, pour l’assister par exemple dans des tâches de maintenance sous-marine ou de déminage. Les applications dérivées pour le civil sont évidentes, avec un intérêt marqué pour l’archéologie sous-marine.

Un essai sur le terrain de cette première version est prévu dès le mois d’octobre 2016 avec une vingtaine de plongeurs-testeurs, pour une phase étendue de tests opérationnels en 2017.

 

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Il a l’air tout droit sorti d’un film de science-fiction et d’ailleurs (ça ne s’invente pas) son capitaine s’appelle…James Kirk. Après un décalage de quelques années, le premier Destroyer de la classe, le DDG 1000 USS Zumwalt, vient d’entamer sa campagne d’essais à la mer.

La classe Zumwalt est une classe de navires furtifs de gros tonnage (14 000 tonnes) qui remplace, dans son usage, les navires Iowa mythiques de 1940. Conçu pour des missions de frappe contre la terre, l’USS  Zumwalt possède deux canons de 155mm, de type AGS (Advanced Gun Systems) d’une portée de 160km, et 80 cellules lance-missiles, ainsi que deux canons d’autoprotection Mk46 de 30mm.

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Mais surtout, l’USS Zumwalt, avec 78 MW, produit suffisamment de puissance électrique pour pouvoir opérer le « railgun » (voir cet article) électromagnétique, capable de lancer des projectiles à une vitesse de plus de 7200 km/h !

Toutefois, quelques critiques soulignent son retard technologique : le programme Zumwalt (nommé en l’honneur de l’Amiral Elmo Zumwalt Jr (commodément surnommé « Bud »), héros de la guerre du Vietnam et ancien directeur des opérations navales, a été lancé en 1990 avec un objectif initial de 32 bâtiments, aujourd’hui ramené…à trois ! Car, d’une part, le jouet est cher : 3,2 milliards de $ par navire ! Mais surtout… il ne tiendrait pas bien la mer, d’après certains observateurs critiques.

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Car la forme de coque inversée nécessaire à sa furtivité (appelée Tumblehome) semble ne pas faire bon ménage avec sa stabilité. La tenue à la mer forte semble problématique, à tel point que plus de 8 officiers de l’US Navy impliqués dans le programme ont douté de ses performances. Un vieux débat, qui resurgit aujourd’hui. D’après l’US Navy, le souci réside en fait moins dans la forme intrinsèque du navire que dans la certification du logiciel qui en garantit la stabilité. Mais des tests ont été réalisés, des simulations effectuées et la campagne d’essais aujourd’hui débutée devrait permettre de dissiper rapidement ces doutes.

Il reste que le Zumwalt est un navire révolutionnaire, avec un équipage très réduit à l’instar de nos frégates multi-missions (FREMM) puisqu’il ne compte que 125 marins. S’il parvient à dompter les flots…

The Microsoft Windows XP log-in screen is displayed on a lap

Oui, je sais bien que c’est un blog sur l’innovation technologique de défense. Mais parfois, l’innovation, ou simplement la modernité, n’est pas un luxe mais une nécessité. Alors que de nombreuses innovations proviennent des Etats-Unis, on apprend aujourd’hui que l’US Navy (pas la moindre des marines nationales) paie plus de 31 millions de $… pour conserver le support Microsoft à Windows XP.

L’US Navy – en fait le United States Navy’s Space and Naval Warfare Systems Command (SPAWAR) – a en effet demandé à maintenir ce support (et les patchs de sécurité correspondants) jusqu’en 2017. Or le support de Windows XP a officiellement pris fin chez Microsoft en 2014. Le souci : de nombreuses applications nécessitent des upgrades, des modernisations. Tant que cette phase n’est pas achevée, la Navy n’a d’autre choix que de payer. Mais ce n’est pas la seule ! 15% des PC mondiaux tourne encore sur cet OS…ainsi que la majorité des distributeurs de billets.

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Une faille considérable compte tenu de la vulnérabilité du système, et de la réalité de la cybercriminalité. Si l’on revient à l’US Navy, on parle de 9 millions de $ par an, et de plus de 100 000 PC concernés. Le support concerne aussi Exchange 2003, Server 2003 et Office 2003. La directive de l’Amirauté s’appelle Windows XP Eradication Efforts. Elle peut être consultée ici.

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Mais ramenons les choses dans leur contexte : 31 millions de $, c’est toujours moins que les dépenses de la marine américaine en papier toilette. Maintenant, quid de nos armées ? A l’heure où les Etats-majors déménagent à Balard (et ses bureaux rivetés – je n’oserais pas dire boulonnés – au sol), sommes-nous certains de la modernité des OS des machines utilisées par nos ingénieurs, officiers et soldats ? Et si la lutte contre la cybercriminalité et le cyberterrorisme est aujourd’hui une priorité, peut-être peut-on poser le problème en toute ingénuité.

Je ne fais que poser la question…bien sûr…