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Et une nouvelle édition pour le Hackaton Marine Nationale – THALES – Ecole 42, notamment organisé avec le concours de votre serviteur lorsqu’il porte l’uniforme. La soirée officielle de lancement a lieu ce soir à l’Ecole 42, avec un sujet particulièrement ouvert, ci-dessous:

« Les usagers de la mer sont nombreux, variés, en mouvement permanent : pêcheurs, plaisanciers, armateurs, militaires, scientifiques… tous ont de la mer une pratique et une culture. Mais comment partage-t-on la mer ? Comment collabore-t-on en mer ? à l’heure du numérique, de l’échange ou de la mise en commun des données et de l’exploitation de métadonnées, de nouvelles opportunités s’offrent à nous tous.

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Le Hackathon Marine 2018 – 2ème édition du partenariat entre la Marine nationale, Thales, 42 et le programme MATRICE – aura pour ambition de répondre à ces défis. Le but : esquisser « un Cloud de la mer ». Favoriser les collaborations comme anticiper les menaces et les risques, c’est stratégique ! » Il s’agit donc de développer un outil collaboratif de partage de situation maritime entre tous les usagers de la mer afin d’enrichir les solutions de navigation.

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Le Hackaton aura lieu à Paris du 5 au 7 juin 2018, au sein de l’Ecole 42… J’en profite pour rappeler ce qu’est un Hackaton : Le terme « Hackathon » provient de la contraction en « hacker » et « marathon ». Il s’agit donc d’un marathon de hackers (je rappelle que hacker ne signifie pas pirate), soit une rencontre de développeurs, informaticiens, graphistes, étudiants volontaires qui se réunissent pour faire de la programmation informatique collaborative, sur plusieurs jours. Il s’agit d’un processus créatif fréquemment utilisé dans le domaine de l’innovation numérique.

Rendez-vous donc à la fin de cette semaine pour connaître les gagnants de cette édition.

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Lors du voyage presse innovation du GICAT, une démonstration était présentée par Thales pour la seconde fois (j’avais pour ma part assisté à une première présentation lors de la journée innovation du groupe, sans pouvoir communiquer à l’époque sur le sujet). Il s’agit d’un gant tactique couplé à un gilet connecté, et capable de reconnaître la gestuelle du fantassin. Explications :

Lorsque (par exemple) une section d’infanterie doit réaliser une mission, elle est immergée dans un environnement potentiellement hostile dans lequel la discrétion est un impératif. Les commandements doivent être discrets, ils ne doivent pas permettre de révéler la progression des fantassins (ni d’un point de vue acoustique, ni d’un point de vue visuel), ni de permettre de déduire leur position.

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Cela pose un certain nombre de problèmes, notamment lorsque l’on se trouve dans une situation dans laquelle la ligne de vision est compromise, ou lorsque l’on « rate » le geste, au risque de devoir demander une confirmation par radio.

Des ingénieurs de Thales ont gagné un concours d’innovation interne, proposant une solution inventive à ce problème : l’utilisation d’un système permettant de reconnaître en temps réel les gestes des soldats, et de les propager à un système d’information opérationnel.

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Le projet ingénieux de François Kerautret et Benjamin Meunier repose en premier lieu sur un gant tactique connecté, relié à un gilet lui-même équipé de divers capteurs, notamment un GPS et une boussole. Il s’agit d’un équipement que les deux créateurs ont eux-mêmes développé à partir de composants sur étagère. Le gant, bardé de capteurs, est capable de reconnaître la gestuelle du combattant, et de l’interpréter en fonction d’un dictionnaire gestuel préétabli.

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Le principe de fonctionnement était bien mis en évidence par la démonstration réalisée lors du voyage presse innovation du GICAT. Elle consistait à représenter un groupe de 4 fantassins débarqués, dont un opérateur radio, chargé de sécuriser une zone infiltrée par des insurgés, et comportant des otages civils. Le système (représenté ci-dessous) permet de traduire les gestes du chef de section ou d’un GV (NB Grenadier-voltigeur), et de les propager directement au système d’information.

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Sur la photo ci-dessous, on voit l’interprétation du geste du GV, qui est à la fois directement transmise au système d’informations, et propagée en audio par le réseau radio via synthèse vocale. On peut ainsi indiquer une direction dangereuse,

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et faire passer des messages demandant une assistance ou une opération particulière. Comme le fantassin est géolocalisé, les personnels concernés par le contexte du message – et seulement ces derniers – sont avertis, et reçoivent l’information.

Le système de surveillance permet de qualifier l’état du porteur, avec une traduction automatique des gestes en messages textes (visualisés sur la droite de l’écran).

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Il peut être connecté à différents terminaux : « smart watch », ou terminal portable (on peut ainsi imaginer le connecter au système Auxylium, système de smartphone sécurisé développé pour l’opération Sentinelle à partir d’un projet d’innovation participative de l’Armée de Terre.

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Mais les fonctionnalités offertes par le système de Thales ne s’arrêtent pas là, puisque le gilet incorpore d’autres capteurs, capables par exemple de détecter que le soldat a dégainé son arme,

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ce qui permet de propager une mise en garde automatique pour le reste de la section.

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Ou encore un capteur de pression systolique et un capteur permettant de détecter la chute du porteur. Les fantassins étant généralement en très bonne forme physique, l’association de ces deux mesures permet d’établir une alerte et de demander immédiatement du secours sur zone (voir l’icône « critical » sur le SI simulé).

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Ce n’est pas la première fois qu’un tel système est développé (voir par exemple les travaux réalisés par l’UC San Diego Jacobs School of Engineering autour d’un gant connecté pour la reconnaissance automatique du langage des signes, ou la thèse de doctorat de Marc Dupont sur la reconnaissance gestuelle par gant de données pour le contrôle temps réel d’un robot mobile). En revanche, c’est la première fois à ma connaissance que le système est pensé pour une utilisation opérationnelle, et démontre sa capacité à s’intégrer au sein d’un système d’information tactique.

Il s’agit pour l’instant d’un « proof of concept » élaboré ; la phase suivante reposera sans doute sur les compétences internes de Thales, pour passer du prototype au produit, industrialiser un tel dispositif et justement l’intégrer au sein d’un SIO. Une belle réalisation, que je continuerai à suivre dans ce blog.

 

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Présenté au Salon du Bourget (SIAE) 2015, le StratoBus est un concept initié par Thales Alenia Space : il s’agit d’une plate-forme spatiale géostationnaire, autonome à partir d’une position fixe, et capable de réaliser des missions d’observation de longue durée (« longue endurance »). Quand on parle de longue durée, on se réfère ici à des missions de durée indéterminée (en l’espèce, des missions de 5 ans) dans la zone intra-tropiques, et de 6 à 8 mois dans les autres zones.

Physiquement, le StratoBus est un dirigeable de 100 mètres de long pour un diamètre de 33 mètres, en fibres de carbone, capable de porter une charge utile de 200kg, à 20 km d’altitude. Il disposera de 4kW de puissance embarquée.

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Les missions ? Observation et surveillance de zone (imagerie, radar…), relais de télécommunications ciblé avec une couverture de 400 à 500 km de diamètre – dans le cadre d’opérations ou de catastrophes naturelles, cartographie… Le StratoBus devrait pouvoir être déployé en moins de 48h. Un objectif ambitieux de ce consortium qui, outre TAS, comprend  Zodiac Marine, le laboratoire LITEN (Laboratoire d’Innovation pour les Technologies des Energies Nouvelles et les nanomatériaux) du CEA, Air Liquide, ainsi que plusieurs PME, avec le soutien du pôle de compétitivité Pégase.

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L’innovation réside également dans le moyen de capturer de l’énergie solaire et un dispositif d’électrolyse permettant de convertir de l’eau en gaz, un système de génération de l’énergie reposant sur le couplage entre des panneaux solaires et un système d’amplification de puissance, et une pile à combustible légère et réversible. Le revêtement, outre les fibres de carbone, comprendrait du polyéthylène afin de pouvoir intégrer des cellules photovoltaïques organiques. Un concentré de technologie, donc. La vidéo ci-dessous parle d’elle-même.

Mais un concentré potentiellement vulnérable aux tirs. Car un missile type air-air (même ancien) comme le AIM-54 Phoenix, utilisé par l’US Navy ou l’Iranian Air Force, possède une altitude de vol de 24km et un plafond opérationnel de 30km.

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Un missile sol-air comme le S-75 Dvina / V-750 peut atteindre une cible à 25km d’altitude. Généralement, à de telles altitudes, on considère que l’interception est difficile car la cible est en mouvement rapide. Mais avec le StratoBus, on a une cible parfaitement immobile, et qui, même sans moteur, emmagasine de la chaleur. Un avion comme le SU-25 peut voler et manœuvrer à 14km d’altitude, reste ensuite au missile (par exemple un R60) à monter jusqu’à 20km, ce qui reste possible, surtout si la cible ne bouge pas.

Donc un concept intéressant, mais potentiellement vulnérable à une attaque sol-air ou air-air. Je laisse le soin aux lecteurs de commenter/compléter cette première et rapide analyse : si l’on fait un sondage rapide parmi ceux d’entre vous qui connaissent bien les missiles sol-air / air-air : quelle est la vulnérabilité d’une telle plateforme ?

Images (c) Thales, US Navy