Articles Tagués ‘infrarouge’

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De temps en temps l’innovation se cache là où on ne l’attend pas. Quoi de plus classique et traditionnel dans le domaine des armes qu’une grenade fumigène ? La date de son invention est incertaine puisque les japonais l’ont déjà utilisée pendant les invasions mongoles au 13e siècle, tout comme les chinois au 17e siècle. Et lors de la seconde guerre mondiale, les troupes américaines utilisent des grenades fumigènes – dites à écran de fumée – de manière offensive, pendant la bataille de Metz, afin de créer des écrans de fumée permettant de masquer l’avancée des troupes de la 3e armée face à l’armée allemande (ci-dessous, le test d’un générateur M2 en France, avant la bataille).

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De nos jours, toutefois, cette technologie connait certaines limites, car si le fumigène permet bien de se cacher vis-à-vis d’un observateur en lumière visible, il n’en est pas de même dans d’autres longueurs d’ondes. Ainsi, un détecteur infrarouge pourra aller au-delà du spectre visuel, et démasquer un combattant derrière son écran de fumée.

C’est pourquoi l’innovation présentée lors du 255e (!) congrès ACS (National Meeting & Exposition of the American Chemical Society) présente un intérêt réel. Car les chercheurs de l’US Army ont annoncé avoir développé un nouveau type de fumigène efficace en lumière visible comme dans le spectre infrarouge.

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Les grenades à écran de fumée classiques fonctionnent avec différents composants. Historiquement, l’hexachloroéthane, un composé chimique de la famille des chloroalcanes était utilisé en combinaison avec du zinc ou du magnésium, mais ce composant avait la fâcheuse manie de pouvoir dégager du phosgène – toxique – lors de la combustion. Aujourd’hui, il existe plusieurs types de fumigènes composés habituellement d’un oxydant, et d’un carburant. Mais aucun n’est efficace dans le spectre infrarouge.

La nouvelle formule inventée par les chercheurs de l’US Army Edgewood Chemical Biological Center repose sur l’utilisation d’un composé organique métallique baptisé UiO-66. Ce dernier se compose d’acide téréphtalique, permettant de bloquer la lumière dans le spectre visible – ce que l’on appelle la « fumée T », mais aussi d’un noyau de zirconium capable d’absorber les longueurs d’ondes infrarouges.

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Pour prouver que la combustion d’un composé métallique permet à la fois de libérer la fumée T, mais également de bloquer l’infrarouge, les chercheurs ont généré une explosion dans une chambre d’expérimentation outillée par de nombreux capteurs, ce qui a montré une libération effective – quoique non optimale – des composants. Le souci, c’est que pour que la grenade soit efficace, l’acide téréphtalique doit être libéré alors qu’il est emprisonné dans la structure métallique de l’UIO-66. Et pour l’instant, il ne l’est pas encore suffisamment – cela dit, les chercheurs sont optimistes.

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L’idée intéressante, c’est l’utilisation d’une telle structure (le composé métallique organique) qui permet d’emprisonner plusieurs molécules actives, et donc de créer, selon les termes des chercheurs, une grenade « couteau suisse » capable de dégager à elle seule plusieurs types de fumées efficaces dans différents domaines du spectre. Comme quoi, l’innovation ce n’est pas que de la robotique ou de l’informatique…

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Bonjour à tous. De retour de vacances, ce blog reprend donc du service. Et pour commencer doucement, voici une application duale, jusqu’alors plutôt réservée au monde de la défense, qui débarque aujourd’hui dans le grand public.

La société FLIR bien connue, basée à Portland dans l’Oregon, vient de lancer la seconde génération de son produit grand public FLIR One : une caméra infrarouge compatible…avec des smartphones, iPhones et autres terminaux sous Android.

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L’engin est une caméra muni d’un senseur infrarouge (Lepton Core) LWIR (long wave infrared), capable de détecter des températures dans la gamme -20°C à 120°C avec une sensibilité à des variations de 0.1°C, et d’une caméra VGA (640 × 480).

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D’une taille réduite (72 mm x 26 mm x 18 mm), il fonctionne en fusionnant les images de la caméra VGA avec la détection fournie par le Lepton Core, permettant ainsi d’associer des détails (contours, etc…) aux zones de températures détectées.

De plus, la caméra possède un mode panoramique, ainsi qu’un mode permettant d’enregistrer des changements dans la scène pendant une durée donnée.

Le résultat est impressionnant, comme le montre le film ci-dessous.

Evidemment, il ne s’agit pas d’une technologie militaire à proprement parler : en comparaison avec des caméras thermiques comme la caméra SOPHIE de Thales, on change de monde (pas de télémétrie, pas de refroidissement, senseurs très différents, pas de stabilisation, etc…). Et évidemment, la résolution n’est pas suffisante (ci-dessous, l’image d’un chien dans un environnement naturel).

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Cependant, il s’agit déjà d’un équipement intéressant pour un prix…de 249$ ! Et une preuve de plus de l’interconnexion entre le monde de l’électronique grand public et du monde de la technologie de défense. Cela pourrait intéresser quelques opérationnels, sur le terrain, et susciter quelques idées d’adaptation, comme cela fut le cas sur d’autres équipements (la Kinect par exemple).