Articles Tagués ‘Defense Distributed’

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Ne vous inquiétez pas, je ne me lasse pas de ce blog, mais le salon du Bourget rend la tenue du rythme de publication difficile.

Aujourd’hui, la suite de l’affaire « Defense Distributed » – pour ceux qui ont lu l’article sur la fabrication d’armes de guerre dans son garage à partir de données mises à disposition en ligne.

Defense Distributed, c’est cette société qui commercialise des machines et notamment des imprimantes 3D permettant la fabrication d’armes, en particulier en communiquant aux clients les fichiers de données 3D correspondants. La société, américaine, joue en effet sur la liberté d’expression (« freedom of speech ») pour justifier que l’on puisse communiquer toute information sur Internet, même des gabarits de fabrication d’armes. Le résultat? Des « ghost guns » intraçables, et fabriqués en toute discrétion.

Le Département d’Etat américain annonce aujourd’hui que des mesures vont être prises pour interdire la communication de telles données, en l’encadrant par la législation d’autorisation d’exportation de munitions. Publier de telles informations, même vagues (sic) sera bientôt assimilé à une violation des règles ITAR (International Trade in Arms Regulations) ce qui, en pratique, correspond à une interdiction forte.

De telles données seront ainsi assimilables à des « données techniques de munitions » dont la communication sera interdite sauf autorisation préalable. Tout ceci est évidemment contesté par le sulfureux Cody Wilson (ci-dessous), le fondateur du groupe DD qui cultive l’art de la provocation, mais le département d’Etat semble déterminé à aller au bout de la démarche (heureusement).

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En parallèle, le député Steve Israel de l’Etat de New York tente de réintroduire une loi qui interdirait la fabrication de toute arme dont au moins un composant serait indétectable par un détecteur de métal.

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Une série de mesures qui n’aura pas un effet majeur sur un groupe terroriste déterminé, mais qui aurait au moins le mérite d’éviter une explosion (sans jeu de mots) de la fabrication d’armes par des amateurs ou des inconscients.

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J’avais parlé dans ce blog de la fabrication additive et des impressions 3D – ainsi que de la menace que cette technologie représentait dans le domaine de la fabrication d’armes « faites maison ». Un journaliste de « Wired magazine » vient de prouver qu’il était effectivement possible de fabriquer un « ghost gun » chez soi. En l’occurrence, un fusil d’assaut AR-15.

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Un ghost gun, ou arme fantôme, est appelée ainsi car elle n’a pas de numéro de série, est virtuellement intraçable, et n’a jamais été dans le circuit commercial. Pour la fabriquer, Andy Greenberg, rédacteur en chef du magazine, a utilisé des produits disponibles dans le commerce : un bloc d’aluminium, en comparant trois techniques de fabrication. Nous y reviendrons. Mais il y a un truc : aux Etats Unis, on peut tout acheter, mais le seul composant qui est désigné comme arme est le « lower receiver », le corps de l’arme qui maintient la chambre, la culasse, la crosse, le chargeur et les autres composants. Pourquoi ? Parce que c’est ce composant qui porte le numéro de série. Donc le journaliste a, en fait, fabriqué les 20% de l’arme qui en font la classification. Tout le reste, il l’a acheté par internet (on croit rêver) et assemblé. Mais c’est quand même intéressant.

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Revenons à la technique. Le journaliste a utilisé une machine outil (résultat non probant, la pièce était irrégulière), puis une imprimante 3D de $2,800 (Makerbot Replicator) à partir d’un patron trouvé sur « Pirate Bay » et récupéré via BitTorrent. Là encore, échec car la pièce était clairement mal usinée. Mais le plus impressionnant, c’est la troisième technique utilisée : une machine appelée Ghost Gunner, et clairement destinée à cet usage. Elle est distribuée par la société Defense Distributed; il s’agit d’une fraiseuse automatique robotisée destinée à usiner… des armes, puisque le mode d’emploi pour fabriquer le fameux bloc de l’AR15 est fourni avec la machine,  avec son programme de contrôle, DDCut. Trop aimable.

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Edifiant…Surtout qu’en combinant ces techniques avec une imprimante 3D adaptée à l’impression en fibres de carbone, on n’est pas loin de pouvoir établir sa propre manufacture dans son salon. Je ne divulgue rien de confidentiel ici, vous trouverez l’excellent et long article sur le web à cette adresse. Ainsi que la vidéo qui prouve que l’arme fonctionne.

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Mais on peut souhaiter qu’un contrôle soit rapidement exercé sur ces dispositifs, leurs conditions de vente, et surtout, qu’on puisse y incorporer des éléments rendant difficile l’usinage de pièces d’armes (et des techniques existent). Car Defense Distributed a déjà vendu plus de mille machines ! Images (c) Wired Magazine, Andy Greenberg