Articles Tagués ‘3D Printer’

ghost0

J’avais parlé dans ce blog de la fabrication additive et des impressions 3D – ainsi que de la menace que cette technologie représentait dans le domaine de la fabrication d’armes « faites maison ». Un journaliste de « Wired magazine » vient de prouver qu’il était effectivement possible de fabriquer un « ghost gun » chez soi. En l’occurrence, un fusil d’assaut AR-15.

ghost1

Un ghost gun, ou arme fantôme, est appelée ainsi car elle n’a pas de numéro de série, est virtuellement intraçable, et n’a jamais été dans le circuit commercial. Pour la fabriquer, Andy Greenberg, rédacteur en chef du magazine, a utilisé des produits disponibles dans le commerce : un bloc d’aluminium, en comparant trois techniques de fabrication. Nous y reviendrons. Mais il y a un truc : aux Etats Unis, on peut tout acheter, mais le seul composant qui est désigné comme arme est le « lower receiver », le corps de l’arme qui maintient la chambre, la culasse, la crosse, le chargeur et les autres composants. Pourquoi ? Parce que c’est ce composant qui porte le numéro de série. Donc le journaliste a, en fait, fabriqué les 20% de l’arme qui en font la classification. Tout le reste, il l’a acheté par internet (on croit rêver) et assemblé. Mais c’est quand même intéressant.

ghost2

Revenons à la technique. Le journaliste a utilisé une machine outil (résultat non probant, la pièce était irrégulière), puis une imprimante 3D de $2,800 (Makerbot Replicator) à partir d’un patron trouvé sur « Pirate Bay » et récupéré via BitTorrent. Là encore, échec car la pièce était clairement mal usinée. Mais le plus impressionnant, c’est la troisième technique utilisée : une machine appelée Ghost Gunner, et clairement destinée à cet usage. Elle est distribuée par la société Defense Distributed; il s’agit d’une fraiseuse automatique robotisée destinée à usiner… des armes, puisque le mode d’emploi pour fabriquer le fameux bloc de l’AR15 est fourni avec la machine,  avec son programme de contrôle, DDCut. Trop aimable.

ghost3

Edifiant…Surtout qu’en combinant ces techniques avec une imprimante 3D adaptée à l’impression en fibres de carbone, on n’est pas loin de pouvoir établir sa propre manufacture dans son salon. Je ne divulgue rien de confidentiel ici, vous trouverez l’excellent et long article sur le web à cette adresse. Ainsi que la vidéo qui prouve que l’arme fonctionne.

ghost4

Mais on peut souhaiter qu’un contrôle soit rapidement exercé sur ces dispositifs, leurs conditions de vente, et surtout, qu’on puisse y incorporer des éléments rendant difficile l’usinage de pièces d’armes (et des techniques existent). Car Defense Distributed a déjà vendu plus de mille machines ! Images (c) Wired Magazine, Andy Greenberg

proto

Un article un peu plus court qu’à l’accoutumée, en raison de mon déplacement à Laval Virtual, forum de la réalité virtuelle.

J’avais déjà eu l’occasion de parler des imprimantes 3D, et des nouvelles capacités apportées par les « Fab Labs » en termes de prototypage pour la défense. C’est au tour de l’US Army d’annoncer son vif intérêt pour ces technologies, afin de permettre de déployer plus rapidement des équipements sur le théâtre d’opérations.

ref-1

Même si c’est peu connu, depuis 2012, l’US Army utilise des imprimantes 3D en Afghanistan, au sein d’une force baptisée Rapid Equipping Force (REF). Au sein d’un équipement spécial (container équipé d’imprimantes 3D et de matériel de prototypage rapide), la Force est au contact des combattants, et capable d’exploiter immédiatement un RETEX pour bâtir et tester un nouveau concept. Tout ceci est financé par un programme de 9,7m$.

REF1

L’idée est naturelle : les opérationnels ont conscience de leurs besoins, et ont des idées pour améliorer l’efficacité de leur équipement, sans avoir l’expertise technique leur permettant de tester par eux même leurs idées. A Kandahar, et au cœur de la base aérienne de Bagram, les containers de la REF (d’un coût unitaire de 2.8 m$ chacun) ont ainsi produit des adaptateurs spéciaux et des câbles pour pallier le problème de tenue à la chaleur des batteries utilisées par les fantassins au sein des détecteurs d’IED (MineouHHhJJ   OLLHound). Auparavant, sans cette adaptation,  et en raison de la température ambiante, les batteries ne duraient que 45 minutes, ce qui obligeait à transporter un grand nombre de batteries de rechange en opération. Grâce à la réactivité de la REF, ces batteries ont vu leur durée de vie étendue à … 9 heures.

minehound600

En sus des imprimantes 3D, les containers de la REF contiennent des équipements plus spécifiques comme les découpeurs à plasma, ou des presses/perceuses magnétiques. Evidemment, le personnel maniant ces capacités doit être formé et spécialisé, mais le concept permet d’envoyer par avion ou hélicoptère une capacité de prototypage rapide n’importe où sur le théâtre d’opérations.

ref2

Le système a même été utilisé pour produire les pièces nécessaires à la construction de drones terrestres comme le « Dragon runner » (voir ci-dessus).

Tout ceci à un coût, mais à Laval Virtual, on trouve des imprimantes 3D pour la somme de … 400EUR pièce…. De quoi changer l’approche au prototypage rapide. Plus sur ce sujet dans un prochain article !