Articles Tagués ‘3D printing’

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Les imprimantes 3D ont déjà fait l’objet de plusieurs articles dans ce blog – c’est ce que l’on nomme la fabrication additive, consistant à pouvoir élaborer des composants parfois complexes, en utilisant de telles imprimantes. Il s’agit toutefois d’une tendance de fond, et non d’un phénomène de mode, comme le prouve la récente annonce faite par l’ONR (Office of Naval Research). L’ONR va en effet bientôt rencontrer 200 représentants de l’industrie, afin d’examiner les possibilités offertes par cette technologie.

L’objectif est de pouvoir donner aux bâtiments de l’US Navy la capacité de réaliser des composants, en particulier des pièces de rechange, lorsqu’ils sont en mer. Le but est de diminuer les temps d’indisponibilité pour maintenance, d’éviter d’embarquer trop de pièces à chaque mission, et d’être capable d’assurer la disponibilité de pièces rarement utilisées, très spécifiques et donc difficiles à produire en grandes quantités (dans l’image ci-dessous, une pièce de rechange pour un avion de reconnaissance maritime P3 Orion).

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Bien évidemment, dans ce cadre, les classiques imprimantes capables de générer des pièces en plastique ne suffisent pas. On parle en effet de pouvoir imprimer des pièces en acier, titane, ou aluminium.

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Pour ce faire, différentes technologies existent, par exemple la technologie connue sous le nom de EBAM (Electron Beam Additive Manufacturing). Il s’agit, à partir d’un fichier numérique, de concevoir une pièce qui sera ensuite créée par dépose successive de différentes couches de métal, en utilisant un faisceau d’électrons. L’intérêt de ce faisceau extrêmement focalisé (en utilisant un système de contrôle électromagnétique) est de pouvoir faire fondre un fil d’alliage ou de métal, avec une précision de dépose extrême. Il ne s’agit donc pas d’une technologie utilisable par tous, comme les imprimantes 3D classiques, bien que le domaine connaisse aujourd’hui une certaine démocratisation. La vidéo ci-dessous illustre le procédé :

L’utilisation de telles techniques à la mer nécessite de faire évoluer les technologies en termes de qualité et de performances mais aussi de sécurité. En effet, les machines capables d’imprimer des pièces de métal utilisent de la poudre d’aluminium ou de titane, un composé extrêmement inflammable. En sus, l’US Navy s’intéresse à des imprimantes de la taille de réfrigérateurs, capables d’imprimer de petites pièces en polycarbonate. Comme le dit un représentant de la marine américaine « ce ne sont pas les pièces à 100 000$ qui posent problème, mais les pièces en plastique à 1$, qui ne sont pas disponibles en stock ».

Vous trouverez la description et le formulaire de participation – pour peu que vous soyez citoyen(ne) américain(e) – à la journée organisée par l’ONR  ici.

 

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Ne vous inquiétez pas, je ne me lasse pas de ce blog, mais le salon du Bourget rend la tenue du rythme de publication difficile.

Aujourd’hui, la suite de l’affaire « Defense Distributed » – pour ceux qui ont lu l’article sur la fabrication d’armes de guerre dans son garage à partir de données mises à disposition en ligne.

Defense Distributed, c’est cette société qui commercialise des machines et notamment des imprimantes 3D permettant la fabrication d’armes, en particulier en communiquant aux clients les fichiers de données 3D correspondants. La société, américaine, joue en effet sur la liberté d’expression (« freedom of speech ») pour justifier que l’on puisse communiquer toute information sur Internet, même des gabarits de fabrication d’armes. Le résultat? Des « ghost guns » intraçables, et fabriqués en toute discrétion.

Le Département d’Etat américain annonce aujourd’hui que des mesures vont être prises pour interdire la communication de telles données, en l’encadrant par la législation d’autorisation d’exportation de munitions. Publier de telles informations, même vagues (sic) sera bientôt assimilé à une violation des règles ITAR (International Trade in Arms Regulations) ce qui, en pratique, correspond à une interdiction forte.

De telles données seront ainsi assimilables à des « données techniques de munitions » dont la communication sera interdite sauf autorisation préalable. Tout ceci est évidemment contesté par le sulfureux Cody Wilson (ci-dessous), le fondateur du groupe DD qui cultive l’art de la provocation, mais le département d’Etat semble déterminé à aller au bout de la démarche (heureusement).

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En parallèle, le député Steve Israel de l’Etat de New York tente de réintroduire une loi qui interdirait la fabrication de toute arme dont au moins un composant serait indétectable par un détecteur de métal.

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Une série de mesures qui n’aura pas un effet majeur sur un groupe terroriste déterminé, mais qui aurait au moins le mérite d’éviter une explosion (sans jeu de mots) de la fabrication d’armes par des amateurs ou des inconscients.