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Vous vous souvenez sans doute, il y a quelques semaines, du largage en Afghanistan par l’US Air Force de la bombe GBU-43/B Massive Ordnance Air Blast – ou MOAB (aussitôt surnommée Mother Of All Bombs et même « Frankenbomb »). Il s’agit de la plus puissante bombe non nucléaire disponible dans l’arsenal américain : une bombe de 9800 kg, contenant plus de 8400 kg d’explosifs H6, soit un équivalent de 11 tonnes de TNT, pour un prix modique de 16 millions de dollars par unité.

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La vidéo ci-dessous montre le largage du monstre, effectué le 12 avril dernier, contre un complexe de l’état islamique en Afghanistan.

L’US Air Force a récemment annoncé travailler sur une « mini-MOAB », avec la volonté de développer une bombe plus petite, et avec effet de souffle sélectif. Explications.

L’idée est en fait d’avoir, avec une même bombe, la possibilité d’avoir un effet de souffle restreint ou plus large. On rappelle qu’une bombe de type « airburst » est conçue pour exploser à quelques mètres du sol et non à l’impact. Guidée par GPS, sa trajectoire de chute est contrôlée par une centrale inertielle avec une précision à l’impact de 8m. Pas très discriminant, mais comme le disait l’autre « elle détruit tout, y compris ce qui est visé » ( !).

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La hauteur de l’effet de souffle peut être contrôlée ; l’avantage est que cette hauteur est directement liée à la puissance destructrice de la bombe, notamment car l’onde de choc est réfléchie par la surface. L’image ci-dessous illustre le concept.

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Si l’on désolidarise le détonateur de l’enveloppe de la bombe elle-même, on peut distribuer différents détonateurs sur la bombe, afin de pouvoir contrôler les modalités de la mise à feu lorsque cette dernière approche sa cible. Ce faisant, l’onde de choc est contrôlée et modulée en fonction de ce qui est souhaité. Cela permet également d’améliorer la résilience de l’arme, en disposant de plusieurs détonateurs redondants.

Mais distribuer de tels détonateurs n’est pas évident en utilisant des techniques conventionnelles de fabrication. C’est notamment pour cette raison que les ingénieurs de l’Air Force Research Lab ont imaginé pouvoir utiliser des techniques de fabrication additive (impression 3D) pour concevoir cette bombe. Ils viennent de dévoiler un prototype à l’échelle 1 :7 lors de la journée « Department of Defence Lab Day » organisée au Pentagone.

L’impression 3D permet de concevoir des prototypes de détonateurs externes modulaires, qui sont intégrés au sein de la bombe – c’est l’image ci-dessous. C’est donc l’illustration du concept de bombe à effet de souffle sélectif.

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On pourrait dire que ce prototypage peut être réalisé sans utiliser de techniques de fabrication additive. C’est exact, mais la réflexion de l’US AFRL va plus loin, et cette fois-ci, l’impression 3D se révèle indispensable. C’est une question de poids et d’efficacité.

L’enveloppe externe en aluminium d’une bombe airburst classique comme la MOAB, bien que fine, a une épaisseur d’environ 5 cm. Cela a pour effet de générer de très nombreux débris, mais également de limiter la taille de l’explosion. Pour diminuer cette enveloppe, l’idée est de conserver une intégrité structurelle en répartissant le poids de l’enveloppe jusqu’à l’intérieur de la bombe elle-même. Pour ce faire, des pièces spécifiques en acier sont conçues via impression 3D. Ressemblant aux traverses de la tour Eiffel, l’idée est d’alléger au maximum la structure en intégrant des renforts jusqu’au cœur de la bombe (image ci-dessous).

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L’idée est également de rendre la bombe plus compacte, et plus adaptée aux systèmes d’emport des avions modernes, avec souvent l’existence d’une trappe à munitions.

On voit ainsi la généralisation des techniques de fabrication additive, avec des technologies qui permettent aujourd’hui (même si dans le cas présenté il s’agit essentiellement d’un prototype) des gains en termes de poids, l’optimisation de structures, la conception d’équipements plus compacts, et surtout l’émergence de nouveaux concepts (comme ici la modulation de l’effet de souffle).

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Nous avons parlé à plusieurs reprises sur ce blog des armes légères intelligentes et des munitions adaptatives. Le XM25, lance-grenade intelligent construit par la société Orbital ATK, en est un bon exemple, et il sera bientôt en service. Nous en avions parlé déjà dans ce blog – cet article constitue donc une mise à jour.

Un rappel : il s’agit d’une arme individuelle munie d’un système d’acquisition de cible et de contrôle de l’ouverture du feu. Le système est fondé sur un télémètre laser, qui détermine la distance à la cible. Le tireur peut également ajuster cette distance en tenant compte d’obstacles comme un muret, ou un véhicule – en ce cas, le calculateur permet d’envoyer une grenade qui explose au-dessus de la cible, dans le principe d’une munition airburst. Au-delà de l’arme elle-même, le lance-grenade de 25mm est développé par Heckler & Koch et peut emmagasiner 25 munitions.

Ce n’est pas la première fois que l’on parle d’un tel principe, loin de là, mais cette fois-ci, cette arme parfaitement adaptée au combat urbain a subi les derniers tests avant sa mise en service effective. La portée utile de l’arme est finalement avérée à 500m (selon le constructeur) pour un impact direct, et jusqu’à 700m si une détonation type airburst est utilisée en effet de zone (HEAB pour High Explosive AirBurst). Plusieurs types de munitions sont en cours de développement, et notamment des versions à létalité réduite, ainsi que des munitions spécifiques pour détruire les portes et obstacles.

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Outre cette arme, l’armée américaine – en l’occurrence le U.S. Army Armament Research, Development, and Engineering Center –  teste également une version 40mm appelée SAGM pour Small Arms Grenade Munition, fondée sur le même principe de détonation dans l’air, au-dessus de la cible.

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Cette version est conçue pour être lancée à partir d’un lance-grenade M203 ou M320, même si le système de guidage doit encore être affiné. Dans le cas du XM25, la mise en service semble imminente – durant le développement du programme, des prototypes avaient été testés avec succès en Afghanistan.

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Il a prouvé son efficacité, et notamment sa capacité à causer moins de dommages collatéraux afin de neutraliser des insurgés, en comparaison avec le recours à des tirs de mortiers ou des frappes aériennes. Un nouveau paradigme dans le cadre du combat urbain.

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C’est une innovation testée par l’US Army, et qui provient d’une société plutôt connue pour ses réalisations dans le domaine aéronautique et spatial. La société Orbital ATK, qui est quand même un producteur reconnu de munitions de petit calibre et de systèmes d’armes incluant des missiles, vient d’annoncer le test de son nouveau fusil X25, capable de neutraliser des adversaires cachés derrière un mur, ou enterrés dans des caches.

Le X25 est une arme semi-automatique, dénommée CDTE pour « Counter Defilade Target Engagement ». D’un calibre de 25mm, le fusil possède une portée maximale de 500 à 600m, et est construit en matériaux composites. Mais sa principale caractéristique est d’utiliser des munitions de type « airburst ».

Le principe ? Il s’agit d’une munition « intelligente » de 25mm, qui est programmée pour exploser après un temps de vol donné, par exemple 3 ou 4m au-dessus d’un adversaire, neutralisant ce dernier par un effet de souffle et la production d’éclats sur 360 degrés. Le tir est coordonné avec le laser permettant de calculer la distance à la cible (le « temps de vol » étant calculé par les rotations subies par la munition dès la sortie du canon).

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Cette capacité permet d’atteindre des cibles abritées derrière des obstacles sans avoir à les toucher directement. Généralement, les munitions sont envoyées en rafale : programmées en une fraction de seconde avant le tir, elles explosent séquentiellement au-dessus de l’objectif visé. L’effet est redoutable.

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Le X25, au-delà de son armement, intègre donc des capacités de programmation balistique de telles munitions (en l’espèce un système d’acquisition et de tir : target acquisition/fire control system ou TA/FC) permettant d’envisager une cadence de tir élevée. La portée optimale est en ce cas de 300m.

La vidéo ci-dessous présente le concept.

Une telle arme avait déjà été testée par l’US Army en Afghanistan en 2010. Les expérimentations actuelles pourraient rapidement déboucher sur une mise en service dès la fin 2016. Une version 40 mm est en cours de développement.