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Non, ce n’est pas de la science-fiction (encore une fois). On le sait depuis longtemps, la DARPA s’intéresse de près au principe de l’hybridation neuronale, et en particulier de la stimulation du cerveau associée au contrôle de prothèses de membres. Elle a en particulier développé une nouvelle prothèse « neuro-technologique » pouvant être contrôlée par la pensée du patient, dans le cadre du programme « Revolutionizing Prosthetics ».

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L’idée était alors de donner un contrôle presque naturel de ces prothèses (en l’occurrence des bras artificiels) en permettant un contrôle cérébral du mouvement, mais également un traitement des informations des capteurs (comme le sens du toucher via des capteurs placés au bout des doigts artificiels). Pour ce faire, les chercheurs ont créé des micro-implants cérébraux connectés au cortex moteur et au cortex sensoriel des patients. Et cela a marché : ces derniers ont pu contrôler leurs mouvements et ressentir des sensations au bout de leurs « doigts ». La vidéo ci-dessous illustre le concept.

En développant cette technologie (déjà impressionnante), les chercheurs en sont venus à s’intéresser à la plasticité neuronale, c’est-à-dire à la capacité à créer et réarranger des connexions dans le cerveau. Lors d’un nouvel apprentissage ou d’une nouvelle expérience, le cerveau établit une série de connexions neuronales, qui correspondent à des routes pour l’intercommunication des neurones. Après l’acquisition de nouvelles connaissances et la pratique, la communication entre les neurones impliqués est renforcée : la plasticité synaptique (cette capacité à réorganiser les communications entre neurones) comme la neurogenèse jouent donc un rôle clé dans l’apprentissage.

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En travaillant sur les implants pour le contrôle de prothèses, les chercheurs de la DARPA en sont venus à s’intéresser à la stimulation du système nerveux périphérique, cette stimulation étant justement créatrice de neuroplasticité. Au 4th Annual Defense One Summit, conférence annuelle ayant lieu à Washington, la directrice de la DARPA, Arati Prabhakar, a annoncé que l’agence s’engageait dans cette voie de recherche : stimuler par des micro-implants le système nerveux pour accélérer les capacités d’apprentissage du cerveau. Il s’agit de réactiver ce que l’on appelle la « période critique » : la période pendant laquelle le cerveau d’un être humain est plus plastique, plus adaptable, et capable d’apprentissage rapide.

Cet « homme augmenté » (au sens générique du terme, bien entendu) pourrait ainsi apprendre une langue étrangère aussi rapidement qu’un jeune enfant, créer des super-cryptographes (l’idée est vraiment de la DARPA) ou récupérer rapidement ses fonctions après une lésion traumatique.

Ce nouveau programme a été baptisé TNT (!) pour Targeted Neuroplasticity Training. Son objectif précis est « d’accélérer le rythme et d’optimiser l’efficacité de l’apprentissage (entraînement des capacités cognitives) par l’activation précise des nerfs périphériques pouvant agir sur le réarrangement et le renforcement des connexions cérébrales » (ouf).

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La DARPA vise à développer une plate-forme technologique autour de ce concept, au travers d’une approche itérative. La première phase vise à mieux comprendre les liens entre stimulation du système nerveux périphérique, accélération de l’apprentissage et fonctions cognitives (en évitant les effets collatéraux). Une phase d’ingénierie visera alors à développer un système (au moins au début) non invasif permettant la stimulation ciblée du système nerveux. Le but est d’accélérer le rythme de l’apprentissage, mais aussi de garantir la consolidation à long terme des informations acquises.

Pour ce faire, la DARPA lance un appel à collaboration (vous le trouverez ici ) en espérant rassembler une équipe pluridisciplinaire d’ingénieurs, de neurobiologistes, d’informaticiens, de spécialistes en sciences cognitives et en ingénierie biomédicale.

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Avec son budget annuel supérieur à 3 milliards d’euros, la DARPA montre encore une fois une capacité à investir dans des voies de recherche multiples et risquées. Comme le disait Oscar Wilde, « Il faut toujours viser la lune, car même en cas d’échec on atterrit dans les étoiles ». Encore faut-il avoir le financement permettant de construire la fusée…

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La plante s’appelle Arabidopsis Thaliana, et c’est un modèle classique en biologie moléculaire du développement. Des chercheurs de l’université de York, au Royaume-Uni, viennent de montrer qu’une mutation provoquée dans son génome lui procurait des capacités inédites : celles de décontaminer les sols souillés par des résidus d’explosifs, en l’occurrence du TNT.

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Le problème : lorsque le TNT explose, il n’est pas entièrement consumé, et laisse environ 2% de matière toxique (pour les humains et les animaux) dans le sol. La décontamination de terrains militaires (et en particulier de polygones d’essais) se trouve donc être un problème complexe, d’autant que les résidus peuvent également perturber l’ensemble de la chaine microbienne du sol.

L’idée est de procurer à des plantes la capacité d’extraire et de dégrader le TNT. Et ça marche : les mitochondries de certaines plantes (en gros, les organelles intracellulaires qui permettent de produire de l’énergie pour la cellule) sont capables de transformer le TNT du sol en source d’énergie pour la plante. Mais c’est un problème dans la mesure où, ce faisant, elles combinent ces molécules de TNT avec de l’oxygène … ce qui crée du TNT volatil.

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Mais c’est là que la mutation dans le génome de l’arabidopsis fait son entrée : en modifiant un gène codant pour une enzyme, la plante ne cherche plus à dégrader le TNT, mais le stocke dans les parois des cellules végétales. Et les chercheurs, en découvrant cette anomalie, ont, par croisement, créé une variété d’arabidopsis capable de stocker beaucoup de TNT sans que celui-ci ne devienne toxique pour la plante (ni pour les herbivores d’ailleurs, puisque les molécules sont complexifiées avec les parties ligneuses, qui ne sont pas digérées – bon, il faut évacuer les… résidus de digestion, en ce cas).

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Le résultat ? Une technique naturelle (pas une manipulation génétique, mais une sélection de variété) permettant de créer des plantes naturellement décontaminantes – potentiellement au-delà de la variété arabidopsis, puisque cette mutation existe dans d’autres variétés. Une technique inattendue pour traiter le problème de la décontamination des sites militaires, ou des anciens champs de bataille. En tout cas, une étude à suivre…