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Sans doute vous souvenez vous de « Big Dog », robot emblématique de la société américaine Boston Dynamics, supposé assister les fantassins lors de leurs déplacements ? Big Dog fut l’incarnation de cette nouvelle génération de robotique militaire, permettant aux combattants de disposer d’une « mule » robotisée capable de les suivre sur n’importe quel terrain. Son successeur, baptisé AlphaDog ou LS3 (legged squad support system) avait ainsi fait l’objet d’une expérimentation grandeur nature dans le cadre des exercices Pacific Rim, par les US Marines.

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Je l’avais écrit dans cet article, après un programme d’évaluation de 32 millions de $, l’armée américaine avait finalement renoncé au projet, en particulier parce que l’engin, muni d’un moteur thermique, était particulièrement bruyant et donc inadapté aux opérations.

La société Boston Dynamics a ensuite connu plusieurs péripéties (en annonçant renoncer aux robots militaires, puis non, puis si, puis….non). La DARPA a en effet poursuivi son soutien, et ce mois-ci un nouveau robot baptisé Spot Mini a été dévoilé, et ce n’est rien de le dire, il est impressionnant.

Sa technologie d’abord : le Spot Mini (petit frère du Spot, donc) est un robot quadrupède léger (une trentaine de kilos lorsqu’il dispose de son bras articulé). Ce poids lui permet d’être un robot « tout-électrique », disposant d’une autonomie non négligeable de 90 minutes. Et comme il est électrique, il est particulièrement discret.

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Il peut être muni d’un bras articulé préhensile à cinq degrés de liberté lui permettant de capturer des objets, et dispose d’une suite de capteurs assez avancée (caméra stéréo, centrale inertielle, potentiellement caméra IR…), ce qui en fait un engin assez intéressant, notamment pour évoluer discrètement en environnement urbain.

Là où cela devient carrément bluffant, c’est dans la vidéo ci-dessous.

On voit un SpotMini buter devant une porte fermée… et attendre qu’un autre robot, possédant le bras articulé, lui ouvre la porte. Difficile de savoir avec cette seule vidéo si la communication et le comportement collaboratif ont été explicitement codés. Il faut toujours se méfier des apparences, et le comportement observé pourrait simplement s’expliquer par le fait que le robot muni du bras a continué à explorer son environnement, et que l’ouverture de la porte a simplement été exploitée par opportunisme par le premier robot.

Néanmoins, cela permet d’observer un couplage intéressant entre deux robots potentiellement utilisables en environnement hostile, et qui cette fois-ci répondent à l’impératif de discrétion que Big Dog était incapable de respecter.

Bon, le souci c’est évidemment l’anthropomorphisme, et je ne donne pas plus de quelques jours pour que des articles fassent le lien entre Spot Mini, et les robots « tueurs » comme le robot présenté dans l’épisode « Metalhead » (ci-dessous)  de l’excellente série Black Mirror (que je vous recommande très chaudement).

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Au passage, j’ai reçu le nouveau livre de Brice Erbland, officier pilote de l’ALAT et auteur de l’essai « dans les griffes du Tigre : récits d’un officier pilote d’hélicoptère de combat en Afghanistan et en Libye » – que je conseille également – qui s’intéresse aux robots tueurs avec ce titre accrocheur : « Robots tueurs : que seront les soldats de demain ? ». J’en ferai le commentaire dans un prochain article.

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Revenons au Spot Mini ; il s’agit donc d’un concept intéressant, impressionnant si véritablement le comportement collaboratif a été volontairement implémenté.

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En revanche, le concept d’emploi devra être étudié. Ses capacités d’emport semblant limitées, l’utilisation qui semble la plus immédiate est aujourd’hui la patrouille et la protection de sites ou de périmètres, ou la reconnaissance au service soit de groupes d’intervention (modulo le bruit qui, même diminué, reste présent) soit de fantassins (reconnaissance d’un itinéraire, neutralisation d’IED). Mais le domaine évolue rapidement, et SpotMini montre qu’aujourd’hui, les concepteurs de robots ont une approche que l’on pourrait appeler « holistique » en concevant en même temps le hardware, le logiciel, et l’aspect comportemental du robot. Ce n’est qu’en adoptant une telle approche que les applications militaires de la robotique pourront réellement être étudiées.