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Pour l’anniversaire de ce blog (que j’ai d’ailleurs oublié de mentionner au début du mois), voici la révélation par l’US Air Force du nouveau bombardier furtif à grand rayon d’action (« long range strike fighter »), le B21.

Bon, pour ceux qui connaissent bien l’aéronautique militaire, le B21 ressemble quasiment trait pour trait au B2 (voir ci-dessous), son prédécesseur. C’est d’ailleurs la société Northrop Grumman, constructeur du B2 Spirit, qui a conçu et fabriquera le nouvel engin.

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Le B21, baptisé provisoirement ainsi pour « 21e siècle » devrait avoir des caractéristiques impressionnantes, mais très comparables au B2. Conçu pour des frappes conventionnelles et nucléaires, il devrait avoir un rayon d’action d’environ 11 000 km, une capacité de charge utile de 20 tonnes, et une vitesse maximale de 950km/h. Comparé au design du B2, les moteurs semblent mieux dissimulés, et les entrées d’air semblent quasiment intégrées au cockpit (en tout cas, sur le dessin).

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Tout ceci pour un prix catalogue d’environ 550 millions de $ par engin, une affaire si l’on compare ce prix aux 737 millions de $ que coûtait un B2 (sic). Mais la nouveauté n’est pas tant dans l’avion lui-même que dans son programme de développement. Le Pentagone souhaite en effet éviter les erreurs dans la gestion de ses développements de nouveaux aéronefs : le programme F35 est une catastrophe technique et financière, et le programme B2 lui-même a du être adapté aux variations de l’environnement géopolitique, ce qui a provoqué un glissement financier désastreux (de 132 avions prévus, les coûts de rétrofit ont été tels qu’il n’a été possible que d’en produire …21 avant arrêt du programme). Bon, évidemment, tous les systèmes et plateformes de l’avion seront de nouvelle génération… En tout cas au moment de sa conception, puisque la mise en service ne devrait pas intervenir avant 2025 au plus tôt.

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A cette époque, si mes calculs sont exacts, je devrais avoir comptabilisé près d’1 million de visites sur le blog, et j’aurai posté plus de 1600 articles. En tout cas, aujourd’hui, ce blog compte plus de 90 000 visites, et je vous en remercie chaleureusement. Vraiment.

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Bon, je l’accorde, le titre est accrocheur. Mais il est parfaitement exact : des chercheurs du Raytheon-UMass Lowell Research Institute (RURI) ont en effet annoncé avoir développé une nano-encre ferromagnétique, apposable en spray, et capable de constituer des antennes radars imprimées.

Avant de parler furtivité, quelques explications. Une nano-encre ferromagnétique est constituée de nanoparticules, capables de s’orienter lorsqu’un courant électrique est appliqué. Dans ce cas, il s’agit d’une encre diffusable en spray, que l’on peut donc vaporiser suivant un motif donné, par exemple pour former une antenne. Ce que l’on appelle un « phased array radar » (pour la traduction en français, je n’ai trouvé que radar à réseau en commande de phase – ou radar à balayage). Le principe est de constituer un réseau d’antennes élémentaires alimentées avec des signaux dont la phase est ajustée de façon à obtenir le diagramme de rayonnement voulu. Cela permet en particulier de suivre des cibles très mobiles.

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Le souci : ces radars sont volumineux, lourds, coûteux, consommateurs d’énergie et demandent des structures de portage qui diminuent la furtivité. D’où l’idée d’utiliser une nano-encre pour imprimer littéralement l’antenne, sur une surface quelconque, la connexion avec l’électronique de traitement se faisant sous la surface.

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Le laboratoire RURI a en effet développé une technologie d’impression par spray consistant à vaporiser une nano-encre à 7mm du support, à travers une grille permettant de créer un motif de réseau.

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On obtient ainsi une antenne radar directement imprimée sur n’importe quelle structure : tourelle de char, coque de bateau (avec quelques bémols en cours de résolution dus à l’eau salée), mais aussi directement sur la structure d’un avion, sans en dégrader les performances aérodynamiques.

Mais au-delà du développement de radars, on peut imaginer également (et c’est ce qu’on fait les chercheurs du RURI) utiliser cette technologie pour réaliser de la furtivité active. Explication : la furtivité passive, c’est la faculté d’une structure à se rendre invisible aux radars, en diminuant sa SER ou signature équivalente radar (donc la surface plane qui renverrait la même énergie que la structure considérée). Pour cela, on utilise une combinaison de matériaux absorbants et de formes géométriques permettant d’absorber et/ou de renvoyer les ondes radar dans d’autres directions que celles de l’émetteur. Ainsi, le F22 Raptor aurait une SER équivalente à celle d’un oiseau. Mais cela n’est pas vrai pour tous les types de radar (notamment des radars basse fréquence), et pour toutes les positions possibles de l’avion…

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La furtivité active, quant à elle, consiste à traiter activement les signaux reçus pour les renvoyer sous une forme qui ne permettra pas au système de détection d’identifier la menace. Une antenne imprimée sur la structure d’un avion ou d’une frégate pourrait permettre de traiter les signaux radars quelle que soit leur fréquence d’émission, et sur tous les angles possibles (puisque l’on peut moduler le traitement des signaux reçus en fonction de la position de la cible). Ce faisant, on surmonte les difficultés de la furtivité passive, tout en fournissant une technologie radar furtive, puisque ne nécessitant pas de structure porteuse.

Une innovation extrêmement impressionnante, donc, qui fait évidemment l’objet d’un dépôt de brevet par Raytheon.