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Dans le merveilleux monde dans lequel nous vivons, disposer de moyens capables de stopper des balles sans porter un gilet balistique trop lourd est assurément une priorité. Un gilet balistique de classe III+ ou IV, capable de stopper une balle de 7.62 avec une vélocité de 850m/s (par exemple) repose sur l’association d’un pack souple et d’une plaque additionnelle en métal ou d’une plaque de feuilles de polyéthylène/céramique, pouvant porter le poids dudit gilet à 16kg. Comme, généralement, le policier ou le fantassin ne part pas en t-shirt, il s’agit d’un facteur considérable d’alourdissement du combattant, générateur de fatigue et nuisible à sa mobilité tactique.

Pour surmonter ces difficultés, de nombreuses voies sont explorées : la biomimétique par exemple, avec l’utilisation de matériaux type soie d’araignée, ou l’utilisation de nanotechnologies. Voici une nouvelle approche: l’utilisation d’un matériau de type « mousse de métal composite » (CMF pour Composite Metal Foam).

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Ce type de matériau est étudié depuis peu, notamment dans le domaine de la protection contre les radiations. Il s’agit, dans la forme la plus classique, de faire « bouillir » un gaz à travers une matrice de métal, ce qui crée un bouclier très allégé, avec des propriétés très particulières.

Le Pr Afsaneh Rabiei (ci-dessous) de l’Université de Caroline du Nord, a ainsi développé un CMF capable de stopper des rayonnements gamma et les rayonnements neutroniques, ainsi que les rayons X, avec un poids sans commune mesure avec les solutions classiques. Forts de ce succès, les chercheurs ont essayé d’adapter le principe à la protection balistique.

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Le bouclier ainsi créé est un sandwich composé d’une face de céramique et de carbure de bore, destinée à encaisser l’impact, d’une couche de CMF destinée à absorber l’énergie cinétique, et d’une dernière couche de Kevlar. Un bouclier composite, donc, qui s’est avéré capable de stopper net une balle OTAN de 7.62x51mm ou une balle 7.62x63mm de type AP (Armor Piercing) et ce sur une épaisseur de seulement 2.5cm, avec une indentation de 8mm sur le dernier panneau (en gros, 5 à 6 fois moins d’indentation qu’une protection conventionnelle). Rappelons que l’indentation en question, c’est la déformation de la protection, qui rentre donc dans le corps – autant la minimiser !

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La vidéo ci-dessous montre que la balle est littéralement pulvérisée à l’impact. Les calculs réalisés par modélisation en éléments finis ont confirmé les propriétés inédites de cette combinaison de matériaux.

On a donc ici une super-protection balistique, légère, et capable non seulement de protéger contre les balles, mais aussi, au passage, contre les radiations. Sans oublier que la présence de poches d’air dans le matériau lui confère une résistance inédite à la chaleur. Un super-gilet, qui pourrait également constituer une protection idéale pour les nouvelles « super-armures » de type exosquelette comme TALOS

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Le salon SOFINS était l’occasion de voir un nombre impressionnant de munitions de tous calibres – le stand RUAG, par exemple, montrait une variété époustouflante de munitions de 9mm – toutes les variantes étant utiles pour le travail des Forces Spéciales.

Mais il existe un projet encore plus impressionnant, conduit (devinez ?) par …la DARPA. Baptisé EXACTO, il s’agit d’un « mini-missile » capable de modifier son parcours en temps réel.

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EXACTO signifie « Extreme Accuracy Tasked Ordnance” et correspond à une munition de calibre 12.7mm et longue de 10cm, destinée à un fusil de haute précision pour les tireurs d’élite. Le programme de 25M$, conduit par Lockheed Martin et la société Teledyne Scientific & Imaging, a débuté en 2008. Le principe consiste à concevoir une munition capable, dans une certaine mesure, de changer sa trajectoire et de compenser des conditions difficiles (mouvement, température, pression, vent…) pour atteindre sa cible à coup sûr.

La munition utilise un système de guidage optique en temps réel – le principe de fonctionnement en lui-même faisant l’objet d’une classification secret défense. De la même manière, très peu d’information a filtré sur la façon dont la balle est capable d’altérer sa trajectoire durant le temps de vol (aéro-actuation). Dans le cas d’une technologie concurrente développée par  les Sandia National Laboratories, des micro-ailerons jouent le rôle d’actuateurs en temps réel pour modifier la trajectoire de la balle en fonction du guidage optique (photo ci-dessous).

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EXACTO pourrait utiliser une technologie similaire sauf qu’aucun aileron saillant n’est visible. La balle en elle-même contiendrait un calculateur 8-bits.

Une vidéo d’essai filmé a été rendue publique:

Cette technologie (détection d’image) semble plus réaliste que celle examinée par les Sandia Labs, consistant à guider la balle via un illuminateur Laser et à disposer d’une arme spécifique, ce qui pose notamment le problème de la diffraction (par exemple en cas de brouillard) ou du brouillage du laser. Dans le cas d’EXACTO, le tireur voit la cible via un système de désignation monté sur l’arme, et qui communique avec la balle, laquelle est ensuite capable de conserver cette identification optique comme point d’impact final.

Si la démonstration est impressionnante,  la R&D n’est pas achevée pour autant : la prochaine phase du projet  vise à optimiser la technologie, en permettant notamment l’utilisation de nuit. L’objectif est d’atteindre une cible située à 2km du tireur.