Vous l’avez remarqué, ce blog a ralenti – rien d’inquiétant, c’est la préparation et la tenue du salon Eurosatory 2018 qui m’a obligé à lever le pied. Je vais donc repartir du même (pied) dans un ou deux jours, une fois remis de ces dernières semaines assez éprouvantes.
Pour me faire pardonner, voici un article que j’ai commis sur DIUx, dans la revue « Défense et Industries » de la FRS (Fondation pour la Recherche Stratégique). Pour mémoire, DIUx est un acronyme qui correspond à « Defense Innovation Unit eXperimental », et qui désigne un laboratoire d’innovation créé par la défense américaine au sein de la Silicon Valley afin de capturer l’innovation du monde civil.
J’en profite pour vous signaler que j’interviendrai la semaine prochaine, lors du Paris Air Forum 2018 organisé par La Tribune le 21 juin, au sein d’une table ronde intitulée « IA: la guerre du futur est déjà sur les théâtres d’opérations ». A très bientôt.
Si vous êtes un lecteur assidu (ce que j’espère :-)) de ce blog, vous constatez que j’y parle souvent de la DARPA, l’agence Américaine des projets de défense avancés (Defence Advanced Research Projects Agency). Dotée d’un petit budget de 3 milliards de dollars (autant que le programme français de dissuasion nucléaire !), cette agence a pour objectif de prévenir toute surprise stratégique. Je vous rappelle d’ailleurs l’excellente conférence d’une ex directrice de la DARPA, qui explique fort bien la philosophie de l’agence.
Je vous conseille aussi, par ailleurs, cet excellent livre de Michael Belfiore, sur le même sujet.
Aujourd’hui, après le Japon et avant la Corée du Sud, la Chine souhaite crée sa propre version de la DARPA. L’initiative rentre dans la logique du président Chinois Xi Jinping, qui a lancé un vaste programme de réorganisation de l’armée chinoise. Rappelons que le budget de la défense Chinois est d’environ 150 milliards de dollars (en augmentation de 7 à 8% d’après les prévisions). Nul ne sait aujourd’hui de combien sera dotée la nouvelle agence. Celle-ci sera gérée par un comité spécial (dont le nom peut être transcrit par « junweikejiwei »), dirigé par le physicien et académicien des sciences Liu Guozhi, un spécialiste du domaine des micro-ondes.
Les thématiques qui pourraient être abordées par cette nouvelle agence sont sans doute connexes aux projets qui ont déjà suscité l’intérêt des hackers officiels chinois (c’est un secret de Polichinelle), comme le programme F35, l’arme Laser du USS Ponce, ou le drone Global Hawk (autant de programmes dont on sait que la sécurité – aux dire du Pentagone – a été compromise).
Reste encore à savoir comment cette agence (dont la date d’entrée en service n’a pas été divulguée) pourra fonctionner. Car la DARPA américaine lance bon nombre d’initiatives de crowdsourcing, ou de collaboration ouverte par Internet, comme par exemple le forum Wait, What? A Future Technology Forum ou encore l’appel à idées pour le futur engin blindé de combat amphibie (ci-dessous, le design de l’équipe victorieuse, qui a au passage empoché 1 million de dollars).
Un mode de fonctionnement aux antipodes des habitudes du gouvernement chinois. A moins qu’une nouvelle révolution culturelle ne soit en marche…
Je vous laisse découvrir cette remarquable conférence TED, où l’ancienne directrice de la DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency) nous explique pourquoi on a toujours besoin d’un « nerd » près de soi…
Le GICAT, groupement des industriels de l’Armement Terrestre, comporte plusieurs commissions dont la commission R&T que j’ai l’honneur de présider. Cette commission a une mission claire de préparation de l’avenir, et d’innovation dans le milieu de l’armement terrestre. Elle a en outre trois objectifs:
Informer les adhérents de l’évolution du domaine, de l’organisation de la DGA et des forces et des priorités techniques et opérationnelles en matière de R&T terrestre.
Définir des propositions concrètes pour les études amont et élaborer des recommandations pour favoriser le développement de la R&T terrestre en concertation avec l’armée de Terre.
Contribuer à faire connaître et rayonner le savoir-faire des adhérents du GICAT et la dynamique du groupement en matière de R&T terrestre.
Lors de sa dernière réunion, la commission R&T a décidé de constituer un groupe de travail sur la préservation et le développement des compétences techniques critiques soutenues uniquement par le milieu terrestre. En effet, la R&T pour les besoins terrestres ou terrestres/sécurité se décompose en 2 grandes familles :
les technologies qui ne sont pas spécifiques au milieu terre et qui sont portées aussi voire prioritairement par d’autres milieux
les technologies qui ne sont pas portées par d’autres que le milieu terre: par exemple détonique, balistique intérieure, balistique extérieure, balistique terminale (dynamique des chocs notamment), etc.
Dans ce dernier cas, force est de constater qu’il n’y a pas de nouveau programme prévu avant 20 ans, sur ces technologies spécifiques. De plus, le manque de formations adaptées accentue le risque de pertes de compétences. Sous prétexte que les « technologies communes » comme les matériaux doivent dorénavant avant tout bénéficier de la recherche civile, il existe un risque de dépendance accrue, antinomique avec les impératifs de souveraineté technologique (ou même d’efficience). Le GICAT s’est donc emparé de cette thématique, et un groupe de travail, présidé par Christian de Villemagne, directeur français de l’Institut franco-allemand de recherches Saint Louis, a été créé. Dans une vision de soutenabilité à long terme de la filière, le GICAT a pour ambition d’anticiper les actions en termes de préservation/ développement de compétences critiques soutenues uniquement par le milieu terrestre.