Un canon électrothermique-chimique haute performance à nouveau considéré pour le futur char de combat américain

Publié: 7 mars 2017 dans Blindage et matériaux, Munitions, Non classé, Systèmes d'armes
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Dans le cadre du programme « Next Generation Combat Vehicle », l’US Army a écrit une lettre au Père Noël : un char capable d’interopérer avec un essaim de drones aériens et terrestres, un blindage capable de résister à la plupart des IED (engins explosifs improvisés), un système d’autodéfense à base de mini-missiles, une arme anti-drones…et un canon de 120mm léger à haute puissance de feu. Au moins ce dernier souhait semble sur la bonne voie.

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Le canon super-léger de 120mm baptisé XM360 avait déjà (avant l’annulation du programme correspondant en 2009) pour objectif de changer la donne. Car jusqu’à l’émergence de ce type d’armes, c’était le poids du canon qui dictait la performance du système : qui dit gros canon, dit poids important, donc moteur puissant et volumineux, et blindage lourd (sans compter la taille de l’équipage ou celle du châssis et de la tourelle, qui doit être en particulier capable d’atténuer le recul de l’arme). Il y a donc une véritable course non seulement à la performance de l’arme, mais également à l’optimisation de ses caractéristiques notamment en termes de poids. Les nouveaux canons électrothermiques-chimiques représentent ainsi une véritable rupture capacitaire.

Bon, c’est quoi un canon électrothermique-chimique (ETC) ? Je vous rassure, rien à voir avec une arme chimique au sens hélas traditionnel du terme. Le principe est d’optimiser la précision et l’énergie de propulsion de l’arme en améliorant le taux d’expansion et la fiabilité des matériaux de propulsion au sein du canon.

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Le principe repose sur l’utilisation d’une cartouche de plasma pour déclencher l’allumage du matériau propulseur, en utilisant l’énergie électrique comme catalyseur de la réaction. L’intérêt (sans rentrer dans les détails) est de pouvoir améliorer la performance des matériaux en utilisant des poudres de forte densité, tout en réduisant la pression sur les parois du canon. Plusieurs techniques existent, par exemple l’utilisation d’un conducteur isolé, revêtu d’aluminium et placé dans un tube perforé. Lorsqu’un courant électrique est appliqué, un plasma est créé (gaz ionisé fortement chargé) – ce plasma est éjecté par les perforations, et déclenche l’allumage du matériau de propulsion qui entoure le tube (ceci juste pour expliquer le principe – les modèles les plus récents utilisent un principe analogue appelé FLARE).

Dans le cadre du programme MCS américain, le canon ETC XM360 de 120mm avait été testé sur une tourelle en aluminium (ci-dessous).

Avec un poids de 2 tonnes, ce canon pèse à peu près 50% de moins que le canon 120mm du char Abrams M1 et est capable d’effectuer du tir au-delà de la vue directe (TAVD) avec une portée de 10km. Aujourd’hui, l’US Army considère à nouveau l’utilisation de ce type d’arme pour son futur char de combat, sur une tourelle classique ou téléopérée (pour concurrencer la plate-forme Armata russe). Evidemment, cela nécessite d’adapter la génération électrique embarquée, le poids, le volume et la configuration du futur char, mais on estime qu’une telle arme aurait une énergie de pénétration de 9 MJ (par comparaison, un canon de 140mm atteint une énergie de 14MJ, mais pour un poids bien plus important).

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La question de la réutilisation du concept du XM360 n’est pas nouvelle, mais revient aujourd’hui dans l’actualité, même si le futur char de combat pourrait aussi utiliser un canon de 30mm développé par ATK, le XM813 capable de tirer des munitions de type flèche, comme des munitions airburst explosant au-dessus de la cible.

Le fait de reparler aujourd’hui du 120mm ETC témoigne en tout cas de la motivation des concepteurs des futurs chars de se comparer à la menace de l’Armata russe. En particulier, la réduction dans le poids du canon permettrait d’améliorer la stabilisation et la performance en TAVD, tout en facilitant la dronisation des plateformes. La nouvelle arme, allégée, possèderait une structure en composite, et une protection permettant d’atténuer sa signature thermique, tout en facilitant la mobilité du véhicule, une caractéristique essentielle, notamment dans le cadre des combats urbains qui sont hélas, d’actualité.

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