Dans le domaine de la vision artificielle, les chercheurs travaillent depuis longtemps sur les yeux d’insectes, en particulier les yeux composés de la mouche. Pour mémoire, un œil de mouche est composé d’une multitude de facettes, chacune consistant en une lentille qui focalise la lumière sur un capteur individuel, l’ommatidie. Cette structure présente plusieurs avantages, notamment un large champ de vision et la faculté de détecter les mouvements à mesure que les ommatidies sont activées à tour de rôle par un objet en déplacement.
On connaissait déjà les travaux des bio-roboticiens de l’Institut des Sciences du Mouvement de Marseille (Nicolas Franceschini, Stéphane Viollet et Franck Ruffier) qui travaillent depuis longtemps sur le biomimétisme inspiré du système visiomoteur de la mouche. En particulier, quatre laboratoires européens (EPFL de Lausanne, Fraunhofer Institut de Jena, Université de Tübingen, CNRS, université d’Aix-Marseille) avaient développé Curvace, un œil artificiel composé de 640 petits capteurs élémentaires, soit 42 colonnes de 15 ommatidies, dont le but est d’équiper une variété de robots et d’engins de détection des mouvements.
Aujourd’hui, l’US Air Force (USAF) annonce travailler sur un système analogue : un œil composé artificiel utilisé comme capteur bas coût pour le guidage des missiles, dans le cadre du programme « Wide Field Of View Seeker Program” (WFOV), visant à conférer à un missile une capacité de guidage I/R avec un large champ de vision.
Le système est analogue à celui de CurvACE, et est d’ailleurs baptisé ACE (Artificial Compound Eye) : l’idée est de générer une image en recomposant un grand nombre de sous-imagettes, qui seront recomposées et traitées afin de fournir une image interprétable par le système d’acquisition de données du missile, conférant à ce dernier une vision à plus de 250 degrés.
Une subvention SBIR (Small Business Innovation Research) relativement modeste (100 000$) a été versée au Spectral Imaging Laboratory de Pasadena (en sus du programme initial) pour permettre de raffiner les programmes d’acquisition et de traitement des données image.
Voir ici l’annonce de l’USAF