Beaucoup ont réagi par mail à mon dernier article sur les menaces portées par les drones qui font aujourd’hui régulièrement les titres des journaux. La question la plus fréquente : quelles sont les possibilités offertes par la technologie pour repérer et neutraliser des drones dont, on le rappelle, beaucoup sont programmés par des waypoints GPS, et ne nécessitent pas la présence d’un pilote à proximité immédiate ?
La détection, tout d’abord : le système développé par la société britannique Plextek Consulting utilise un radar doppler pour détecter un drone (même dans la gamme de 2 kg) dans un rayon de 10km. Il permet l’identification automatique du système par l’analyse de la modulation de fréquence et de l’amplitude du signal Doppler, et le suivi automatique par infrarouge et optique. Ce système a été initialement développé par Plextek, puis a fait l’objet d’une commercialisation distincte par le biais d’une société dédiée : Blighter Surveillance Systems. Le système est portable, et la société Blighter communique sur sa capacité unique a surveiller simultanément différents milieux : terre, mer et air (pour des cibles volant relativement bas).
Citons également un système plus conséquent développé par la société RADA : le RPS-42, un radar multi-missions hémisphérique, fondé également sur une détection Doppler, et capable de détecter un micro-drone avec une portée de 10km.
Pour des drones plus petits, volant en mode auto-piloté, il existe des solutions plus économiques, et fondées sur la détection de la signature acoustique des drones. Un microphone détecte le signal et le compare aux signatures déjà enregistrées dans la base de données. C’est par exemple le cas du système Droneshield de la société du même nom. Si le déploiement d’un tel système semble complexe dans des zones urbaines denses et sonores, en revanche, une telle solution semble intéressante et peu onéreuse dans le cas de sites critiques isolés, comme des centrales nucléaires ou autres sites sensibles. Vous pouvez télécharger ici la plaquette du système
Une fois la détection réalisée, plusieurs solutions de neutralisation existent. On peut par exemple brouiller la station de contrôle du drone. La Russie s’est ainsi dotée d’un système appelé Poroubchtchick, système de guerre électronique capable de déconnecter de manière ciblée les radars ennemis et les systèmes de contrôle de drones, sans pour autant brouiller ses propres communications. Ce système détecte des communications sans fil ou les radars en régime passif analyse la fréquence des canaux et émet un brouillage ciblé actif ou passif directionnel et ciblé sur une fréquence donnée.
Mais l’ultime solution reste l’arme capable d’éliminer directement le drone détecté. Parmi les systèmes testés, les plus vraisemblables sont de la famille « énergie dirigée » (micro-ondes et lasers). Ainsi, la société Boeing a développé deux systèmes de neutralisation de drones : l’Avenger, un véhicule équipé d’un système de laser de 30kW en plus de son système classique de combat sol-air, et capable d’éliminer facilement un drone du ciel , tout comme le second système appelé MATRIX (mobile active targeting resource for integrated experiment) qui a éliminé différents drones à différentes distances.
On peut également citer le système PHALANX, développé par Raytheon, permettant la recherche, détection, suivi et engagement d’une cible, et qui a été couplé par l’Office of Naval Research américain avec un système de laser à énergie dirigée (LaWS).
Déployé sur l’USS Ponce en novembre 2014, le système a montré sa capacité à détruire un drone aérien à partir d’une plate-forme navale : voir le film ci-dessous.
L’ONR cherche maintenant à adapter ce concept sur un porteur terrestre de type HUMVEE. C’est le programme Ground-Based Air Defense Directed Energy On-The-Move (G-BAD DE OTM). Enfin, la Chine a annoncé en 2014 qu’elle avait développé un système analogue, capable de neutraliser tout drone volant en-dessous de 500m, à une vitesse inférieure à 50m/s, avec une portée de 2 km (source : China Academy of Engineering Physics (CAEP)).
Mais aujourd’hui, la technologie retenue par la police Parisienne semble être celle…des plombs de chasse. Rien ne vaut un bon nuage de plombs pour abattre un quadricoptère rebelle. Reste à savoir si abattre un drone « baron noir » à la carabine au-dessus d’une zone aussi densément peuplée que Paris n’est pas un remède pire que le mal.
Pourquoi abattre les drones à la carabine est un « remède pire que le mal »?
c’est une solution pas chère et efficace si le tireur est bon
et c’est plus facile de se balader avec une carabine que de positionner des lasers ou des drones tueur de drone pour les faire rallier au besoin
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C’était humoristique et j’ai nuancé : cela reste à savoir. Mais vous avez raison : si le tireur est bon, et si personne n’est en dessous (!!), c’est sans doute la solution la plus efficiente en termes de coût. Une étude de TNO l’a d’ailleurs mentionné « Missile systems with small missiles and a suitable guidance mechanism, (rapid fire) guns with suitable ammunition, and machine guns are considered as very effective means for neutralizing Mini UAVs, – downsides may be that missile systems are relatively expensive and that these hard kill systems could generate collateral damage. »
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Pour ce qui est de tirer sur ces drones, je crains que ce ne soit qu’une fausse bonne idée, au mieux: la plupart peuvent voler à plusieurs centaines de mètres d’altitude.
A cette distance, il est parfaitement illusoire d’espérer l’atteindre avec une carabine (sans compter que tirer en l’air avec ce genre de projectile, c’est non-non!), et le petit plomb n’a en outre pas une portée suffisante.
Une solution à ce problème qui ne fonctionnerait que si le drone ne vole pas trop haut n’en est pas une !
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Abattre le drone, pourquoi pas mais quel intérêt ?
la réponse à trouver est QUI/Pourquoi ?
S’il ne s’agit que de vol « d’amusement » cela ne porte pas vraiment à conséquence sauf à inquiéter le Parisien …
En revanche, pourquoi y-a-t-il autant de survol de centrale nucléaires ?
Je rappelle qu’une drone est un outil de recherche d’informations et qu’il faut donc identifier rapidement les auteurs de ces actions.
Autant il est simple de détecter voire perturber une liaison radio entre un drone et sa station d’accueil y compris pour la liaison image autant il sera très compliqué et fort couteux de lutter contre les mini drones à vol programmés et enregistreur d’image.
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