Articles Tagués ‘hémorragie’

 

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Il s’appelle XSTAT 30 Rapid Hemostasis System, et le département FDA (Food & Drugs Administration) américain vient d’autoriser son utilisation par le grand public. Il s’agit d’un petit engin ingénieux destiné à stopper une hémorragie causée par une blessure par arme à feu, lorsqu’un pansement compressif ou un tourniquet ne peuvent être appliqués.

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Il s’agit d’une pompe capable « d’injecter » des éponges médicales expansibles, chacune de la taille d’une pastille, au sein de la blessure. Chacune de ces pastilles est capable d’absorber environ 500cm3 de sang, et possède de plus un radiomarqueur permettant de la localiser visuellement par radiographie (histoire de ne pas en oublier dans la blessure…). La pastille possède une durée d’efficacité de 4h environ.

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Développé initialement  par la société REVMEDX pour l’armée américaine, le système est capable d’arrêter un saignement en moins de 15 secondes. Evidemment, il ne s’agit que d’un moyen d’urgence et de dernier recours (pomper des éponges dans des blessures n’est pas toujours très recommandé), mais lorsque l’on sait qu’entre 30% et 55% des décès par hémorragie se produisent avant que la victime ne parvienne à un hôpital ou centre avancé de soins, on comprend que la FDA ait autorisé son emploi pour le grand public.

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D’autres approches existent. J’ai déjà mentionné dans ce blog le « quickclot », des microparticules propulsées par gaz, mais pas le « veti-gel » ( !), une invention d’un étudiant qui avait remporté en 2011 le concours polytechnique organisé par l’Université de New York. En l’occurrence, il s’agit d’un gel médical à base de polymères pouvant se solidifier instantanément dans une blessure, afin de stopper le saignement. La DARPA américaine examine en ce moment son utilisation possible sur le champ de bataille. Joe Landolina, l’étudiant en question, a créé sa propre société, Suneris Inc., afin de commercialiser cette invention, aujourd’hui uniquement utilisée par les vétérinaires. L’application humaine, baptisée Traumagel, est en cours d’évaluation clinique, et la FDA n’a pour l’instant pas encore rendu son verdict.

Deux concepts différents pour un même objectif, hélas d’actualité, qu’il s’agisse du champ de bataille ou de l’équipement de primo-intervenants dans un contexte civil et grand public.

 

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Bien qu’étant notoirement un hypocondriaque de classe mondiale, de temps en temps, il me semble utile de parler de la manière dont l’innovation technologique peut contribuer à sauver des vies. En l’occurrence, en traitant l’une des causes majeures de décès sur le champ de bataille : la perte de sang massive suite à une blessure.

Des solutions modernes existent pourtant, comme la gaze de combat (la, pas le…) comme le QuikClot, imprégnée de Kaolin, afin d’assécher la blessure, ou encore les bandages à base de chitine, qui se soudent sur les bords de la blessure. Mais la pression du sang est telle que ces produits restent à la surface, et ne peuvent pénétrer dans les blessures profondes.

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Des chercheurs à l’Université de Colombie Britannique, avec à leur tête Christian Kastrup ont planché sur une nouvelle solution, qui passe par une approche originale : une explosion de bulles de gaz.

Le procédé combine un bandage avec des agents comme le carbonate de calcium, la thrombine (un agent coagulant) et l’acide tranexamique, connu pour développer une action antihémorragique par inhibition de l’activité de la plasmine (un enzyme anticoagulant). Dès que le pansement imprégné touche la blessure, la poudre de carbonate de calcium réagit avec l’acide et l’eau contenue dans le sang, mousse, explose, et propulse les molécules actives au cœur de la blessure. La vidéo ci-dessous présente le concept.

Bon, pour le moment, seuls des animaux ont été testés ; mais la technique, originale, semble prometteuse, à condition de pouvoir maîtriser davantage la déperdition des molécules, puisque l’explosion provoquée est aujourd’hui isotrope, et propulse les agents dans toutes les directions. L’image ci-dessous montre l’explosion de la poudre (à droite) par rapport à la même diffusion sans l’agent propulsant.

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Le ciblage de la zone à traiter doit donc encore être perfectionné – mais l’espoir est là. Une avancée importante qui pourrait sauver de nombreuses vies en opérations.