Articles Tagués ‘batterie’

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Je sors un peu des nouvelles aéronautiques malgré la tenue du salon du Bourget (qui fut… chaud)  pour vous rafraîchir et m’intéresser au monde sous-marin, et en particulier à celui de la propulsion des drones sous-marins. Car l’essor actuel des véhicules robotisés cache également une difficulté majeure : assurer l’énergie nécessaire à leur propulsion, en particulier lorsqu’il s’agit de véhicules sous-marins. En effet, les drones sous-marins ou UUV (underwater unmanned vehicles) nécessitent de plus grosses batteries que leurs homologues aériens, avec une difficulté majeure : aujourd’hui, des batteries Lithium-ion de grosse capacité ont la fâcheuse tendance à prendre feu inopinément. Surtout en présence d’air, ou d’eau (voir le film ci-dessous).

Il y a donc un véritable enjeu à disposer de batteries plus compactes, mais restant puissantes, et plus endurantes afin d’assurer un rayon d’action important pour les UUV.

Une spin-off du MIT (Massachussetts Institute of Technology), baptisée OWP pour Open Water Power pourrait être sur la bonne voie – ils en sont en tout cas convaincus. Leur solution ? Une batterie reposant sur l’utilisation de l’aluminium…et de l’eau de mer.

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Le principe est le suivant : la batterie (qui est en fait une pile à combustible) repose sur trois éléments : une anode en alliage d’aluminium actif et de nickel, un électrolyte alcalin et une cathode à émission d’hydrogène. Pas de risque d’incendie ici; il n’y a pas de lithium. Et tant mieux car une fois immergée, l’eau de mer est injectée à l’intérieur de la batterie.

L’anode est  essentiellement constituée d’aluminium et d’autres métaux non toxiques qui ont deux effets : permettre la réaction avec de l’eau de mer, tout en inhibant la corrosion de l’anode elle-même (faible réactivité en présence d’eau salée). L’image ci-dessous montre la structure de l’anode, en microscopie électronique à balayage (anode partiellement corrodée).

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La cathode maintenant : elle permet de décomposer l’eau de mer en ions hydroxydes et en hydrogène gazeux. Plusieurs variantes de la cathode existent. La première photo montre la surface (en microscopie électronique à balayage) d’une cathode composée de platine plaqué sur du titane :

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La seconde image présente une cathode constituée de nickel plaqué sur du carbone.

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L’image ci-dessous montre l’électrolyte (en l’occurrence l’eau de mer), avec les bulles d’hydrogènes générées par la réaction.

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Pour les plus chimistes d’entre vous, voici le principe global de la batterie.

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Les avantages : des produits résiduels non toxiques, mais surtout une efficacité accrue (voir ci-dessous)

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Avec comme conséquence un rayon d’action des UUV dotés de telles batteries augmenté d’un facteur 10. A titre d’illustration, l’image ci-dessous montre le rayon d’action d’un système classique (en rouge) et d’un système théorique muni d’une batterie OWP (en noir) dans le cas d’usage d’un drone réalisant des opérations dans le domaine pétrolier et gazier, dans le golfe du Mexique. Edifiant. Et ceci sans tenir compte du fait qu’une mission pourra elle-même durer plus longtemps, en particulier en travaillant en grande profondeur.

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Les premiers contrats d’OWP ont été signés avec le ministère de la défense américain, et concernent essentiellement l’adaptation de cette technologie à des systèmes UUV emportés par des plongeurs-démineurs. Comme le dit la société elle-même, les meilleurs cas d’usage concernent des UUV menant des missions longues, ne nécessitant pas une trop grosse force de propulsion sous-marine. Ce qui en fait une technologie de choix pour des missions de reconnaissance ou de renseignement…

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Le salon SOFINS qui vient de s’achever a vu une fréquentation en hausse, et parmi les démonstrations, véhicules et équipements, de nombreuses innovations technologiques étaient présentées. Le SOFINS, dont il s’agit de la seconde édition, est un salon unique dédié à l’innovation pour l’équipement des Forces Spéciales (FS). Il s’est tenu entre le 14 et le 16 avril, au camp de Souge, fief du 13 régiment de Dragons Parachutistes (13e RDP), près de Bordeaux. Si des organisateurs figurent parmi les lecteurs de ce blog, je me permets une petite remarque toute personnelle : compte tenu de la fréquentation – le salon est victime de son succès – et de la difficulté d’accès, je suggère fortement , pour une prochaine édition, de considérer une autre organisation logistique. Mais c’était une petite digression… C’est fou comme 50mn d’attente et de commutation de navettes peuvent rendre grognon, le matin. Bref.

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Parmi les produits présentés, j’ai fait mon marché dans le salon, et les articles qui vont suivre ces prochains jours correspondent à une première sélection. En premier lieu, j’ai choisi de vous parler rapidement de TEYA, une innovation de NEXTER Electronics. TEYA est une pile à combustible compacte (24cm x 10 cm x 10 cm) et portable, qui fonctionne à l’hydrogène, le gaz étant généré par des cartouches développées par BIC. En effet, via le rachat en 2011 par le groupe BIC des actifs de la société canadienne Angstrom Power (pour 18,7 millions de dollars canadiens), BIC a développé et mis sur le marché des consommables sous forme de cartouches à hydrogène qui se connectent à des piles à combustible et sont remplacées une fois le combustible épuisé. La pile en elle même génère 20W, avec une puissance pic de 40W à 60W, pour un poids de 1,8 kg et une durée d’alimentation par charge de 12h. La mise en service est instantanée. La pile délivre un courant nominal de 3.3 A / 1.6 A (12V / 24V).

 

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La batterie est compacte, mais une version existe en rack dans un « fly case » permettant notamment de changer à la volée (« hot swap ») une batterie usagée, et de disposer de davantage de puissance.

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Mais que se passe-t-il si l’on tire dedans? Eh bien pas grand chose, puisque la cartouche BIC de génération d’hydrogène ne génère qu’un très faible volume à un instant donné – en tout cas insuffisant pour causer une explosion de grande ampleur. Et pour fonctionner, le système ne nécessite que de l’eau, une ressource de toutes façons critique.

Par sa compacité, le système paraît donc en première approche particulièrement adapté à un usage opérationnel… si ce n’était son poids, pour l’instant peu compétitif dans le cas d’usage d’un combattant des FS pleinement équipé. Et pour l’instant, une puissance de 20W garantie (même si les 60W peuvent être atteints en puissance « pic ») semble tout juste suffisante à faire fonctionner un netbook, un GPS ou une caméra. Mais il s’agit néanmoins d’une avancée par rapport à la concurrence, tant dans la simplicité d’emploi que dans le facteur de forme, et l’adaptation aux standards militaires (MIL STD 810F) en vibration et en résistance à la chute. Un petit effort sur le poids reste donc, dans un premier temps, la priorité.

De nouveaux articles à suivre sur le SOFINS dans les prochains jours!