Un patch permettant d’anticiper la déshydratation du combattant

Publié: 16 décembre 2016 dans Non classé, Santé et médecine militaire
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Quand le général Barrera dans son livre (que je vous recommande vivement) « Opération Serval, une brigade au combat », décrit les conditions de la mission au Mali, on a du mal à s’imaginer les conditions hallucinantes dans lesquelles nos soldats ont combattu. En particulier, on retient l’extrême dureté des missions dans l’Adrar des Ifoghas, une zone située au Nord-Est du Mali. Le général Barrera, alors commandant des forces terrestres de l’opération Serval, évoque un terrain extrêmement difficile, avec une température de 50°C le jour, et ne descendant parfois pas en-deçà de 45°C la nuit.

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Dans de telles conditions, la déshydratation est un des principaux dangers menaçant l’intégrité physique de combattants (admirables au sens premier du terme) : la charge des parachutistes ayant ainsi traversé l’Adrar par les crêtes en 4 jours, sous de telles températures, dépassait les 50kg!

Il est donc vital de pouvoir avoir une idée du réel état de déshydratation d’un fantassin – mais il faut le faire sans gêner ses mouvements, sans ajouter du poids, sans perturber ses actions. Les chercheurs de l’université de Champaign Urbana dans l’Illinois viennent de présenter un dispositif qui pourrait bien répondre à ces contraintes.

Il s’agit d’un véritable « patch-laboratoire » : un dispositif collé sur la peau, qui capte la sueur par de petits capillaires. Ces derniers l’amènent au centre de ce curieux patch, où l’on trouve quatre pastilles. Il s’agit en réalité de zones contenant des enzymes réagissant à la composition de la sueur en termes de taux de glucose, acide lactique, pH et chlorure de sodium.

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Lorsque ces enzymes réagissent en fonction de l’évolution de ces paramètres, les zones réactives changent de couleur. Il suffit de prendre une photo avec la caméra d’un smartphone, et une application permet alors d’établir un diagnostic et d’alerter sur les signes de déshydratation avant que les symptômes n’apparaissent.

Pour l’instant, le patch microfluidique peut être utilisé pendant 6h d’affilée (un peu court), sans se dégrader ni se décoller. Toutefois, par comparaison avec d’autres approches à base de bracelets électroniques (ci-dessous), le patch ne gêne en rien les mouvements, le poignet restant libre.

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Il s’agit encore d’un travail de recherche : une expérimentation a été menée à Tucson, en Arizona, en collaboration avec l’US Air Force et la base de Wright-Patterson. Et les auteurs doivent encore travailler sur le développement d’une application permettant d’établir très simplement et rapidement le diagnostic, et de le présenter à l’utilisateur.

Reste à voir comment une telle innovation peut être utilisée en opérations, le fantassin portant rarement un smartphone sur lui. Il faudra donc sans doute trouver un moyen de rendre le changement des couleurs plus « parlant » afin que le diagnostic puisse s’établir simplement en regardant l’évolution du patch. Une approche intéressante néanmoins, qui devrait être financée à la fois par la défense américaine, et par « un fabricant de boisson énergétique ». Devinez qui a le plus gros budget….

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