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Tout le monde connait aujourd’hui le concept de Réalité Augmentée (RA). Il consiste à compléter les signaux perçus dans le monde réel (visuels, haptiques…) par des informations synthétiques qui lui sont superposées. La RA a déjà pris considérablement dans le grand public, et cela fait de nombreuses années que son potentiel dans la défense est examiné. Nous parlerons bientôt dans un prochain post du projet JFX3 anglais visant à examiner l’intérêt de la RA sur le champ de bataille.

Mais pour l’instant, voici ARES (Augmented Reality Sandtable) une petite innovation présentée lors du dernier salon de la simulation IITSEC à Orlando, en décembre. Il s’agit d’un projet interne de l’US Army, développé à partir de produits COTS (produits commerciaux sur étagères), en particulier le capteur de mouvements Microsoft Kinect.

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Le principe est celui d’une caisse à sable interactive : une vraie caisse, contenant du vrai sable, couplée à une Kinect, à un vidéoprojecteur, et à un serveur. Lorsque l’utilisateur modifie le paysage de sable, les modifications sont captées par le système, qui peut, en retour, fournir de nouvelles informations à l’utilisateur. Ainsi, le système permet la numérisation automatique de l’altimétrie du terrain créé des mains mêmes de l’utilisateur.

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Ainsi, les courbes de niveau sont automatiquement déduites et mises à jour (projetées sur le sable), permettant instantanément d’apprécier un dénivelé, une ligne de crête, etc…  Connectée à un serveur de simulation (type OneSAF, simulation aujourd’hui largement employée dans l’US Army malgré son côté un peu simpliste), cette application permet d’imaginer les positions amies et ennemies, de positionner des entités virtuelles sur le terrain (qui peuvent d’ailleurs être matérialisées par des « pions » physiques, d’en déduire les intervisibilités mutuelles, et d’élaborer une idée de manœuvre, avant de la tester en simulation. Assez bluffant, je dois dire. On peut également simuler un écoulement de fluide et regarder quelles sont les zones affectées.

Vous pouvez voir le système en action ici:

Alors la grande question : à quoi cela sert-il ? Je ne suis pas un fan de la technologie pour la technologie, et aujourd’hui, le système n’existe qu’à l’état de prototype (2 caisses, qui sont d’ailleurs connectées et intéropérables à distance via Internet). Il semble illusoire de vouloir utiliser un tel système en opérations même s’il présente quelques attraits en termes de préparation de mission et l’US Army elle-même n’était pas fixée encore sur le concept d’emploi final. A moins de miniaturiser le concept sur un smartphone ou un picoprojecteur pour pouvoir l’utiliser en tous lieux, un tel système ne peut aujourd’hui fonctionner sur un théâtre d’opérations.

En revanche, et à mon avis, ARES pourrait être avantageusement utilisé en formation, afin de sensibiliser des élèves à la cartographie et l’analyse du terrain. En complément de l’analyse de cartes traditionnelles, je vois bien une telle caisse à sable trôner à Saint-Cyr : à cet égard, le compromis coût (assez faible)-efficacité semble largement favorable.

Ce démonstrateur technologique mêle trois caractéristiques qui semblent essentielles : la simplicité (de conception et d’utilisation), l’économie (tout ceci ne nécessite que du sable, un projecteur, un serveur), et l’attractivité du concept. Une juste suffisance technologique, si – et seulement si – l’objectif pédagogique ou opérationnel est clairement défini.