Le Cormorant, cargo volant robotisé du champ de bataille

Publié: 30 juillet 2018 dans Aéronautique, Non classé, robotique, Santé et médecine militaire
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Comme promis, de retour de vacances (un peu agitées mais aussi très agréables compte tenu de mon actualité personnelle), je reprends le fil de ce blog. J’en profite pour vous assurer que même si je prends de nouvelles fonctions, je continuerai à animer VMF214, ne serait-ce que parce que cela me force à rester ouvert et curieux. J’en profite aussi pour vous dire combien je suis heureux et impatient de débuter ma nouvelle mission, dans ce domaine qui me passionne, et pour mon pays.

En attendant, voici un drôle d’oiseau. Baptisé Cormorant, il s’agit en réalité d’un robot, hybride entre un taxi volant du film « le cinquième élément » et d’un vaisseau de Blade Runner. Initialement baptisé AirMule (on voit pourquoi ils ont décidé de changer), le Cormorant est de conception israélienne, et développé par la société Tactical Robotics, une filiale de Urban Aeronautics Ltd. Située en Israel, à Yavne, elle est dirigée par le Dr Rafi Yoeli.

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Le Cormorant est un UAV (Unmanned Aerial Vehicle) militaire, destiné à porter des charges importantes de manière autonome. Ses capacités d’emport ? 764 Kg (soit 1681 lb), à une vitesse de 100 nœuds (185 km/h), et un rayon d’action qui dépend de sa charge utile, hors fuel (plusieurs centaines de km à vide, environ 50km avec une charge d’une demi-tonne). Il est propulsé par deux turbines soufflantes incluses dans la carlingue (connectés au moteur Turbomeca Arriel 2N) qui lui confèrent des capacités VTOL (Vertical Take-Off and Landing) avec un facteur de taille très compact en comparaison d’un hélicoptère classique (3,5m de largeur, 2m30 de hauteur, 6m20 de longueur), ainsi que par deux rotors horizontaux.

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En pratique, cela revient à emporter des charges lourdes (eau, nourritures, armement), ou plusieurs blessés dans le cadre d’une évacuation sanitaire, par exemple. Les concepteurs ont d’ailleurs prévu que le blessé, une fois embarqué, puisse être connecté via une liaison satellitaire à un centre de télédiagnostic ayant notamment accès à l’évolution de ses constantes vitales.

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De plus, le Cormorant est construit en fibres de carbone, ce qui permet de lui conférer une certaine discrétion radar (la signature infrarouge étant elle aussi réduite par l’emploi de systèmes de refroidissement par air, ce qui donne au Cormorant sa forme un peu étrange). Son système de stabilisation lui permet de résister à des vents de 40 nœuds, même si la vidéo du dernier essai du Cormorant montre que le vol ne doit pas être de tout repos, surtout pour un blessé – voir ci-dessous.

Pour assurer une certaine stabilité, un système original a été développé par Tactical Robotics. Il s’agit de micro-rotors en cascade situés à proximité des turbines soufflantes. Le souci ? Sans un système de stabilisation dynamique, le problème – connu – de ce type de turbine est une sensibilité trop importante notamment aux rafales et vents de travers. Le système imaginé par les concepteurs du Cormorant consiste à disposer des micro-rotors à proximité des turbines (aspiration et sortie), contrôlés électroniquement de manière à générer des forces contraires permettant d’équilibrer le véhicule.

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En ce qui concerne son pilotage, un plan de vol est rentré dans le système de préparation et de conduite de mission (deux valises tactiques avec leurs écrans) – une fois ce plan validé, l’opérateur peut laisser la bête en pilotage autonome, même s’il peut reprendre la main en cas de besoin. Bon, si vraiment il y a un gros souci, le système dispose tout de même d’un parachute avec un système de déploiement par fusée.

Ce type de véhicule semble donc appelé à se généraliser, qu’il s’agisse du côté autonome (drones en tous genres) ou du système de propulsion de type hoverboard. A ce sujet, une pépite française, la société Zapata, a développé un système impressionnant – voir ce post – qui pourrait sans doute être utilisé pour les besoins des Forces Spéciales. Un domaine à suivre, qui montre qu’au-delà des « robots tueurs » et autres fantasmes, la robotique opérationnelle est bel et bien un domaine en expansion, au service des opérationnels et au plus près du terrain.

commentaires
  1. Goutaudier dit :

    Le système développé par Zapata est emblématique des initiatives du secteur privé français et son développement chaotique, tout aussi emblématique des difficultés posées par l’administration française. Cet overboard aurait dû bénéficier du soutien des autorités (locales ou nationales) pour les phases de test et la seule chose (à ma connaissance et dans les débuts de ce programme) que son concepteur ait vu de l’Etat est l’arrivée des gendarmes pour lui interdire de tester son invention (en l’absence de cadre réglementaire adapté)… Innover c’est bien, être soutenu par un cadre réglementaire adapté et adaptable, c’est mieux. L’Etat devrait prévoir des zones dérogatoires du droit commun pour le test de nouvelles solutions susceptibles de constituer des ruptures. Cela éviterait à nos inventeurs nationaux la tentation de partir à l’étranger.

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    • Je suis parfaitement d’accord avec vous. C’est l’un des défis qui attend l’agence de l’innovation de défense. Il serait dommage de voir partir de telles pépites, faute d’organisation et de procédures adaptées. L’innovation est un état d’esprit…

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  2. CAYRON BERNARD dit :

    Bon retour et merci pour les infos

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  3. LEFEBVRE Ludovic dit :

    Bonjour Emmanuel,

    un article intéressant sur la robotique et les services de la médicalisation de l’avant ou de la logistique autonome.

    Sur le modèle disruptif du monde civil, on peut aussi s’inspirer des taxis volants que l’on devrait croiser prochainement à Dubaï.
    https://www.usinenouvelle.com/article/video-le-premier-taxi-volant-autonome-l-ehang-184-va-t-il-prendre-son-envol-a-dubai.N502344

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