Des balles en polymères… et leurs nouvelles armes

Publié: 3 septembre 2017 dans Blindage et matériaux, Munitions, Non classé
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Je reprends – pour une semaine seulement – le cours de ce blog, entre deux périodes de vacances (si, si, méritées 😊), avec un focus sur les armes légères. Cela peut paraître inattendu pour un blog sur l’innovation technologique de défense, dans la mesure où les munitions de pistolets, revolvers, ou fusils n’ont finalement que très peu évolué en 200 ans.

Mais pour le coup, c’est une double innovation qui vient d’être présentée par Textron Systems. Les munitions, en premier lieu. Le problème pour le fantassin de devoir transporter des chargeurs remplis de munitions, c’est le poids. En particulier, l’enveloppe des munitions traditionnelles est constituée essentiellement de cuivre, et les munitions elles-mêmes sont volumineuses. Pour donner une idée, un ruban de 800 munitions pour la mitrailleuse américaine M240L (7,62mm) pèse environ 23 kg ! Un poids à ajouter à celui de la mitrailleuse elle-même (10kg), et une contrainte que les opérateurs français de Minimi connaissent bien.

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L’idée de Textron – dans le cadre d’un programme baptisé LSAT pour Light Weight Small Arms Technology – est donc d’alléger les balles elles-mêmes et de réduire leur taille afin de faciliter leur transport. Pour ce faire, les ingénieurs se sont intéressés à l’enveloppe des munitions, qu’ils ont remplacée par une enveloppe en polymère. Ce sont des munitions dites télescopées, c’est-à-dire que la balle n’est pas placée au-dessus de la poudre, mais qu’elle est incluse dans celle-ci. Elle est placée dans une enveloppe en polymère, et complètement entourée par la poudre. De ce fait, elle est moins volumineuse (30% moins longue), et surtout, grâce à cette nouvelle enveloppe, elle est jusqu’à 40% plus légère que son équivalent en cuivre ! Textron appelle ce nouveau système CT pour « cased telescoped ».

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 Le souci, c’est que de telles balles ne peuvent être tirées à partir d’armes classiques. Il a donc fallu développer de nouvelles mitrailleuses capables de tirer des munitions CT. Revenons à la M240L qui, avec ses munitions, pèse aujourd’hui 33 kg. La nouvelle version capable de tirer des balles CT polymères pèse 6,6 kg, pour un poids de munitions de 14 kg, soit au total 20,6 kg, ce qui n’est pas un gain négligeable.

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Mais le gain n’est pas uniquement en termes de poids. Textron a en effet développé une variante CT d’une autre mitrailleuse, la M249 en calibre 5.56, qui a été testée récemment en Suède. Outre l’allègement (des munitions, mais pas de l’arme), ce sont les performances qui sont remarquables : les tirs (plus de 5000) ont été plus groupés (en moyenne de 20%) et ont nécessité 30% de munitions de moins pour le même effet militaire. En réalité, la variante de la 5.56 est un peu plus large (diamètre de 6.5 mm) et repose sur un système de piston permettant de limiter la surchauffe en cas de tir intensif.

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Selon Textron, la nouvelle munition de 6.5 possède 3 fois plus d’énergie que la munition standard américaine M855A1. Ce qui n’est pas encore suffisant pour que l’US Army adopte ces nouvelles munitions. En premier lieu, si elles sont moins longues, les munitions sont aussi plus larges en raison du nouveau conditionnement, ce qui a des impacts sur l’encombrement des chargeurs. Mais surtout, l’armée américaine est assez conservatrice sur ses munitions, qui n’ont finalement que très peu évolué en 50 ans. Reste à voir si les avantages procurés par ces nouveaux armements en termes de mobilité et de létalité sont de taille à faire évoluer les mentalités.

commentaires
  1. COL (er) JB de F. dit :

    Cela ait longtemps que l’on travaille sur les munitions CTA allant jusqu’au calibre 40(mm) mais jusqu’à présent cela n’intéressait quasiment personne.
    Au passage, la MINIMI utilise du 5.56 et non du 7.62 😉

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  2. fl dit :

    On retrouve là certains concepts des années 70-80 avec les munitions « caseless » et le développement du HK G11. Exit l’étui en laiton, tout, amorce, projectile, était encapsulé dans un bloc de poudre solide compactée. Ici, on intercale un étui en plastique, qui doit être surement assez technique (il faut y voir des contraintes thermiques et mécaniques).

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